
40 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e -
~~~ taille, pour terminer le différend qui duroit entre
5'* eux depuis plufieurs années. C ’eft que l’évêque
.1176. Hilaire qui avoit beaucoup de connoiftances 8c de
crédic en cour de Rome , prétendoic que le monaftere
de S. Martin étant dans fon diocéefe, l'abbé
devoit lui prêter ferment , venir à ion fynode 8c
lui payer les droits épifcopaux. Il prétendoit auilï
droit delogement dansl’abbaïe 8c dans les terres de
fa dépendance. L’abbé fout enoit au contraire; que
n le roi Guillaume le Conquérant en fondant ce mo-
naftere, l’avoit affranchi de toute fujettion d’évê-
Anii. ques, comme l’églifede Chrift de Cantorberi: 8c
5“7, cefonten effetlestermesdelachartedefondation.
L’abbé ajoûtoitque cette exemption avpjt été con»
firmée par Lanfranc alors archevêque de Cantorberi,,
8c parStigand premier évêque de Chicheftre.
L ’évêque Hilaire 8c l’abbé Gautier ayant donc été
appeliez à la cour qui fe tint à faint Edmond , le
roi occupé d’autres affaires les renvoïaàGloceftre,
où il fe rendit avec la même fuite le jeudi de la
Pentecôte.
Le lendemain vendredi le roi après avoir oüi
la meiTe , commanda à l’abbé de repréfenter les
Chartres de fon monaftere. Elles furent Lues par
le chancelier Thomas Bequet , qui dit enfuite à
Gauthier: Seigneur abbé, l’évêque de Chicheftre
employé contre vous une raifon qui femble très-t
forte , en difant que vous lui ave;z fait ferment!
L’abbé foûtint qu’il n’avoit rien,fait contre la IL,
ber té de ion monaftere ; 8c le roi regardant le,chancelier
dix : Le ferment .ne nuit point à la dignité
des
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’ m e . 41
des églifes : ceux qui le font ne prom ettent que ce *
qu’ils doivent. Ainfi il affura qu’il ne foufftiroic N* I I57*
point que de fon tems ce monaftere perdit rien de
fa liberté,qu’il en parleroit à l'évêque 8c qu’il ac-
commoderoit l’affaire r puis il fe leva.
Le mardi après l’Oéfave de la Pentecôte , le roi
entra le matin dans le chapitre des moines, accompagné
de deux archevêquesThibaudde Can-
torberi 8c Roger d’Y o r c , des évêques de Londres,
d’Exceftre 8c de Lincolne , de deux abbez 8c de
Thomas fon chancelier : de quelques comtes 8c
barons, avec une grande multitude de peuple :
l ’évêque de Chicheftre 8c l’abbé de Bel y étoienc
prefents. On lut encore la charte de Guillaume le
Conquérant ; puis le chancelier dit à l’évêque qu’il
pouvoir dire ce qu’il lui plairoit. L’évêque de
Chicheftre fe leva 8c dit qu'il étoitprêt à s’accommoder
avec l’abbé par la médiation du roi, fauf les
droits de leurs églifes : n’étant point venu préparé
à fe défendre au fonds. Mais on lui dit qu’il falloit
finir l’affaire qui n’avoit que trop duré. Il reprit
donc fon difcours en élevant la voix 8c dit : N. S.
J. C. a établi deux puiflances en ce monde , l’une
fpirituelle , l’autre temporelle. La fpirituelle eft
celle des pafteurs de l’églife 8c principalement du
pape qui a cette prérogative, qu’aucun évêque ne
peut être dépofé fans fon jugementou iapermif-
fion. Il eft vra i , dit le roi , qu’il ne peut êcre dépofé
, mais il peut être ainfi chaifé. Ce qu’il dit en
étendant les mains, 8c tous les aififtans le prirent à
rire. L’évêque reprit: Je le dis encore, tel eftl’étac
Tome X K F