
A N. 1170,
l . e(. 44.
l.fip. M'.
P et. ep. 66. 7 J •
V ita ¿11, c. 1 1 .
Gervaf. ar.no
V7P-
v ita c. 12,,
350 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
yeux de Dieu , je le fuis auffi ; & il entra dans une
furieufe cole,re. Or il étoit fujet à s’y Jaiiïer emporter.
Un jour irrité contre unfeigneur qui lui
fembloit prendre l’intérêt du roi d’EçpiTe , i l l ’ap-
pella traître , & lui dit plufieurs autres injures;puis
il jetta fon bonnet, ôta fon ceinturon, jetta loin de
lui fon manteau & fes habits , découvrit fon l i t ,
& s’étant affis deifus, fe mit à en mâcher la paille.
Une autre fois il voulut arracher les yeux à un
garçon qui lui avoit apporté une lettre defagréa-
ble , & lui mit le vifage en fang. Pierre de Blois
d’ailleurs fon admirateur , dit que dans fa colere
il étoit plus furieux qu’un lion. Etant donc excité
par les trois prélats, il commença à maudire
tous ¡peux qu’il avoit nourris 8c comblez de bienfaits
, dont aucun ne le vengeoit d’un prêtre qui
troubloit fon roïaume , 8c le vouloir dépouiller lui-
même de fa dignité : ajoutant plufieurs reproches
pontre Thomas. Alors quatre chevaliers de fa cham?
bre croïant ne pouvoir rien faire qui lui fût plus
agréable que de tuer l’archevêque, en formèrent
enfemble la réfolution : ces quatre étoient Renaud
fils de POurs, Hugues de Moreville, Guillaume
de Traci 8c Richard le Breton. Ils firent leur
.conjuration la nuit de Noël, s’engageant par ferment
à ce meurtre, & le jour même delà fête ils
fe retirèrent feçretement de la cour. Ils firent telle
diligence, & eurent le temps fi favorable, qu’ils
arrivèrent en Angleterre le lundi jour dos Inno-
ccn s, 8c logèrent au château de Saltoude,qui étoit
à la garde de Raoul de Broc à fix milles de Cani-
L l V R E S O I X A N T E - D O U Z I E ’M E . 3JI
totberi. Ils pafferenc la nuit à concerter l’execution ‘------------- -
de leur entreprife , 8c le lendemain mardi vingt- 1170.
neuvième de Décembre aïant affemblé une troupe
de gens du pais , ils vinrent à C antorberi, entrèrent
au monaftere de faint Auguftin,& confererent avec
Clairerobaud qui en étoit éiû abbé, ennemi déclaré
de l’archevêque.
Us allèrent enfuite à l’archevêché, où ils trouve- . xxxï.
rent le 1 prélat / .i qui • avoit deja w* dîne i.A r o ¿ c e s » entretenoit • Arrivée triers.
des nitfutf- de quelques affaires avec fes moines 8c fes clercs. c' n%
Les quatre chevaliers entrèrent dans fa chambre,&
fans le faluer s’affirent à terre à fes pieds. Après un
peu de filence,Renaud dit au nom de tous : Nous venons
de la part du roi vous apporter fes ordres. Voulez
vous les entendre en fecret ou en public ? Comme
il vous plaira,dit l’archevêque; & Renaud reprit
Nous lesdirons donc en fecret. L’archevêque fit retirer
ceux qui étoient avec lui ; mais l’huiflier laiffa
la porte ouverte , afin que ceux qui étoient dehors-
pûffent voir ce qui fe paffoit. Après que lès chevaliers
eurent dit ce qu’ils voulurent,le prélat dît qu’il
vouloir que plufieurs perfonnesl’entendiffent,& f i t
rappeller les moines & les clercs, mais non les laïques.
Alors Renaud dit ¡Nous vous ordonnons de la c. 145
part du roi d’aller trouver le roi fon fils & lui rendre
ce que vous lui devez. Je crois l’avoir f a i t , dit
l ’archevêque. N o n , dit Renaud, puifque vous ave»
fufpendu fes évêques : ce qui fait croire que vous-
lui voudriez ôter la couronnede deffus latête. L’ar-
chevèqüedit : Au contraire je voudrois lui pouvoir
encore donner d’aut-res couronnes. Et quant aux