
198 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
—— f v i e , Fut privé de Fon droit au gré du roi. Ils vou-
11 <»4* loient que l’on donnât un exemple aux autres évêques
de réfifter en pareil cas : autrement que per-
Fonne n’oleroit plus s’oppofer à la volonté des princes
, 6c que l’état de l’églife ôc l’autorité du pape fe-
roit en péril. Ils concluoient qu’il Falloir rétablir
Thomas malgré tout le monde ôc le foûrenir en
toutes maniérés. Cet avis l’emporta ; ôc le pape
ayant Fait appeller Thoma s , lui ordonna de reprendre
de fa main les Fondions de paileur , dans
lefquelles il le rétablifloit, lui promettant de ne
l ’abandonner de Fa vie. Mais, ajoûta-t-il, afin que
vous appreniez à mener unevie pauvre ôc convenable
à votre état préient, je vous mets entre les
mains de cet abbé, chez qui vous demeurerez juf-
qucs à un tems plus Favorable. C ’étoit Guichard
abbé de Pontigny ; depuis archevêque de Lyon ,
que le pape avoit fait venir exprès. Thomas ie rendit
donc à Pontigny avec quelques-uns des fiens:
mais il crut que pour être digne archevêque de
Cantorberi, il falloit auffi prendre l’habit monaf-
tique : ayant lu dans les hiftoires, qu’il n’étoit jamais
arrivé de divifion dans le royaume d’Angleterre,
finon quand ce fiége avoit été occupé par
des perfonnes d’une autre profefflon. Il envoya
donc au pape , dont il reçut un habit monaftique
beni de fa main , de grofle étofe ôc de laine crue.
Ainfi l’archevêque le trouvant à Pontigny commença
à y goûter du repos, ôc à regarder cette retraite
comme une école de vertu.
Mais la douceur de cette retraite fut troublée
XIV.
Parents deTho-
xnas bannis.
L i v r e S o i x a n t e - o ' n z ’i e ’ m e . îpp
quelque tems après, par les exilez qui venoient ^ j J e *
trouver l’archevêque. Carie roi d’Angleterre irri- N‘ 11
té de la bonne réception que le roi de France ôc
le pape lui avoient faite , & de la protection qu’ils
lui donnoient, fit confifquer tous les biens de l’ar- Gervoef, chr.
chevêque ôc des fiens; ôc bannit tous fesparens, 11 5"
íes domeftiques ôc ceux qui avoienr quelque liai-
fon avec lui, fans épargner ni les vieillards décrépits
, ni les enfans au berceau , ni les femmes en
couche. Il fit jurer à tous ceux qui étoient en âge
de le faire , d’aller trouver l’archevêque en quelque
lieu qu’il f û t , pour l'affliger par leur préience : enfin
il défendit de prier pour lui dans l’églife. Il ve-
noit donc tous les jours au faint prélat grand nombre
de ces exilez : dont toutefois plufieurs demeurèrent
en Flandre, ayant étéabfous par le pape de
leur ferment, en confidération de leur fexe, de
leur âge ôc de la rigueur de la faiion. Les autres
venoient à Pontigny fatiguer l’archevêque par
leurs cris ôc leurs plaintes des maux qu’ils fouf-
froient pour fa caufe. Ne pouvant les garder auprès
de lu i , il les envoïoit en divers pais avec des lettres
de recommandation ; ôc ils trouvoient par tout du
fecours,tant par lacompaffion que l’on avoit d’eux,
que par l’indignation qu’excitoit la cruauté du roi
d’Angleterre. Il y eut même de ces bannis qui fe
trouvèrent mieux au lieu de leur exil que dans
leur patrie. xv
Entre ceux qui furent perfecutez à caufe du faint s g ™ " ^ 4
archevêque, on remarque la fermeté de S. Gilbert Sempringam.
, 1 . ^ • 1 * deSempringam. On rapporta au roi que lui ôo c l1 es Vita Gltt¿ Mer4t.,