
S8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
" 8c s’étant affis , il leur dit : Quoique ie fâche
I I ^ O , • i • i> rr que j ai comme empereur le pouvoir d aflem-
bler des conciles, principalement en un fi grand
péril de l’eglife : j e vous laifle toutefois la décifion
de cette affaire fi importante. Dieu vous a donné
l’autorité de nous juger nous-mêmes, 8tce n’eft
pas à nous à vous juger en ce qui regarde Dieu.
Conduifez-vous donc en cette affaire , comme
n ’ayant à entendre compte qu’à lui. L’empereur
ayant ainfi parlé, fortit du concile, qui étoit com-
pofé d’environ cinquante tant archevêques qu’é-
vêques, & d’une grande multitude d’abbez 8c de
prévôts. Il y avoit auffi des envoyez du roi de
France 8c du roi d’Angleterre 8c des députez de
divers païs, qui promettoient que tout ce que le
Radtv.e.6e.tD. - T • J ' • J ' f • A L /■ i}«4. concile auroit décidé leroit reçu chez eux lans
difficultez.
Il vint entre autres deux députez du chapitre
rie S. Piere de Rome : favoir , Pierre Chrétien
doïen,8cPierreGuifoûdiacre & camerierde l’égli-
fe Romaine, porteurs d’une lettre de ce chapitre
adreifée à l’empereur 8c aux prélats du concile.
Elle contenoit à peu près les mêmes faits que la
lettre des cipq cardinaux du parti de Victor. Les
s"p- chanoines epnvenoient qu’Otton diacre cardinal
de S.George, 8c Adelbalde cardinal des faints apôtres
avoient pris la chape , & s’étoient efforcez
d’en revêtir le chancelier Roland :mais ils foûte-
noient , que la plus faine Sc meilleurepartiedes
cardinaux les en avoit empêchez 8c avoit élu Qel.
avieq. Ils difoient la plusXaine partie, n’ofant dire
la plus
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’ m e . 85
la plusgrande.Ils ajoûtoient que lorfque l’on con-
duifoit Oétavien au palais,le peuple avoit crié en
Italien félon la coutume : Papa Vtttore}[an£lo Pietro
lo eleggé. Ils faifoient dire au chancelier : O&avien
ne m’a jamais dépoiiillé de la chape , parce que
je n’en ai jamais été revêtu Ils prétendoient qu’il
n’avoit été revêtu de l’etole Sc du pallium qu a la
Cifterne,douze jours après l'éle&ion deVièior.Ils
citoient pour témoins de ce qui s’étoit paffe en
cetteoccafion Otton comte Palatin, Gui comte
de Blandrate, 8c le prévôt Hebert envoyez de l’etn-
pereuri& finiiToientendifant: Vous avez les deux
glaives des apôtres, vous favez comment vous en
devez ufer. Voulant dire qu’en ce concile la puif-
fanCe temporelle étoit jointe à la fpirituelle.
Après qu’on eut agité pendant cinq jours la
queftiondes deux élections,lefixiémeon lut publiquement
une efpece d’information , quicom-
mençoit ainfi : Voici les articles,qui ont été prouvez
dans le concile de Pavie fur l’éleètion du pape
Viètor. Le feigneur Oétavien 8c non aucun autre
a été folemnellement revêtu de la chape, à Rome
dansl’églife S. Pierre, fur la demande du peuple
duconfentement 8c au dé fi r du cierge, 8c mis dans
la chaire pontificale enpréfencedu chancelier,&
fans qu’il s’y opposât: les cardinaux Scie clergé
ont chanté le Te Deum}&c on lui a donné le nom de
Victor. Là le clergé Sc le peuple Romain eff venu
en foule à fes pieds ; un fecretaire étant monte
fur un lieu élevé a crié fuivantla coutume : Ecou*
tezeitoïens Romains. Notre pere le pape Adrien
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