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Id. c, z o i .
ld. c. 19.
XXXI.
Le pape détourne
le roi de
France du voïa,-
ge d’Efpagne.
Chr. Gerxjaf.
an, 1158.
Paris,
tod»
c0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
re les avances de la réconciliation. Or il prétend
que c eft aux Romains comme'les mieux inftruits à
prévenir les autres, 8c à les inftruire avec douceur.
Il écrivit au pape ufant d’une liberté refpeétueufe
& lui dit : Il eft à craindre que les paroles dures de
part 8c d autre venant à fe choquer, ne produiient
un feu qui s etende loin dans le facerdoce 8c l’empire.
Et enfuite : il me femble qu’il n’eft pas expédient
de tantpefer les paroles 5c d’en tant demander
raifon. Il vaut mieux éteindre le feu au-plus vite
que de difputer de quel côté il eft venu. Ecrivez
tout de nouveau à l’empereur d’un ftile doux 8c le
rameneaavec votre bonté paternelle » il eft difpofé
avou * rendre toute forte de refpeét.
L évêque de Bamberg qui écrivit ces lettres
etoit un prélat diftingué par fa doétrine Sc la pureté
de fes moeurs. Il avoit une telle affeétion pour
1 etude de l’écriture fainte qu’il en meditoit continuellement
les divers fens, même à la guerre Sc en
faifoit la confolation au milieu des foins dont îl.étoic
occupé pour les affaires publiques. Car l’empereur
avoir une confiance particulière en fes confeils 8c
partageoit avec lui la conduite de fes états: auifile
prélat étoit connu pour fingulierement affediôn-
ne au bien Sc à l’honneur de l’empire.'
Henri roi d’Angleterre invité par le roi de
France Louis le Jeune vint à Paris en 1158., ôc
y fut reçu magnifiquement. Ils confirmèrent le
mariage qu’ils avaient conclu entre leurs en-
fans : c’eft-à-dire , entre Henri , fils aîné du roi
d’Angleterre âge de trois ans, Sc Marguerite fille
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e’ m e . 61
du roi de France, qui venoit de naître. AÎTTï
I l y a grande apparence que ce fut en cette oc- -I *
cafion qu’ils réfolurent d’aller enfemble en Efpa-
gne faire la guerre aux infidèles. Le roi Louis
affembla déjà fes troupes Sc faifoit les préparatifs
de fon voïage , quand pour y mieux réüflir il envoya
demander au pape Adrien fon confeil Sc fa
faveur, c’eft-à-dire, une bulle d’indulgence pour
exciter les François à ce vôiage. Le pape lui répon- If’
dit louant fon zele, mais reptenant fon emprefle-
ment. il neparoît , ajoûte-il , ni prudent, ni fur
d’entrer dans un pais étranger, fans avoir demandé
l’avis des feigneurs Sc du peuple du pais : au
lieu d’attendre qu’ils vous en enflent prié eux-mê-
1 mes. C ’eft pourquoi nous vous confeillons de fa-
[ voir auparavant leur volonté : autrement il ferait
à craindre que votre voïage ne fut fans frui t , qu’il
ne leur fût même à charge 8c qu’on ne nousaccu-
fàt de legereté. Car vous devez vous fouvenir ,
que vous entreprîtes autrefois avec le roi Conrad
le voïage de Jerufalem , fans avoir conful- w&rr,m1*'
té ceux qui étoient fur les lieux , ni pris aflez de
précaution. Vous favez le mauvais, fuccès de ce
voyage , 8c les reproches que s’attira l’églife Romaine
pour vous l’avoir confeillé. Toutes ces cotv
iîderations nous ont fait différer l’exhortation au
peuple de votre royaume , que Rorrou évêque
d’Evreux nous demandoit de votre part nous
l'envoierions quand vous ferez prêt à partir, à la
priere des gens du païs. Mais nous vous avonsac-
cordé dès-à-préfent nos Lettres de groteélion, coiv
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