
z 6 t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
b le , fauf l'honneur de Dieu & le fien, la liberté &
les biens de l’églife, leur demandant s’il y avoit à
augmenter ou diminuer de ces conditions. Les lé gats
répondirent , qu’ils n’étoient pas venus lui
donner confeil, mais le lui demander fie tenter les
voies de la réconciliation : puis ils ajoûterent, qu’il
faloit venir en particulier, fie lui demandèrent s’il
vouloir promettre en leur prefence d’obferver les
coutumes dont les rois avoient joui du tems de Tes
prédecefleurs, 8c rentrer ainfi dans les bonnes gra-:
ces du roi. Il répondit, qu’aucun roi n’avoit jamais
exigé cette promefle d’aucun de les prédeceiTeurs;
& que jamais il ne promettroit d’obferver des coutumes
mànifeftement contraires à la loi de Dieu ,
aux prérogatives du faint fiége & à la liberté de
lé g life , que le pape avoit condamnées à Sens en
leur prefence , 8e contre lefquelles il avoit depuis
lui -même prononcé anathême.
On lui demanda encore s’il vouloit du moins
promettre de diflimuler 8e tolerer ces coûtumes,'
Il répondit par le proverbe: Qui ne dit mot confient;
8e que le roi prétendant être en pofleffion
de ces coutumes, fi on ceffoit de s’y oppofer, &
que l ’autorité des légats y intervint, elles femble-
roient établies pour lui 8c pour les autres. Thomas
ajouta qu’il aimoit mieux être toujours en exil &
mourir pour la jufticefi Dieu l’avoitordonné, que
de faire une telle paix au préjudice de fon falut 8c
de la liberté de l’églife. Car c’eft en ce cas que Dieu
défend aux évêques de fe taire fous peine de damnation.
On lut les articles de ces coûtumes, 8c il
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demanda aux cardinaux fi elles pouvoient êtreob-
fervéespar des Chrétiens, ou diffimulées par des
pafteurs.
Les légats lui demandèrent enfuite s’il vouloit
s’en tenir à leur jugement, touchant lesdifferens
qu’il avoit avec le roi. H répondit,que quand lui
fit les fiens feroient pleinement rétablis dans tous
les biens dont on les avoit dépoüillez, il obéïroit
volontiers à la juftice,8e fe foûmettroità ceux dbnt
le pape luiordonneroit de fubir le jugement. Que
cependant il étoic trop pauvre pour être obligé à
foûtenir un p rocès, ne fubfiftant même qu’aux dépens
du roi de France, il ne voulut pas recuferle
cardinal de Pavie, quoiqu’il crût en avoir fujet,pour
ne pas s’engager dans un nouveau procès avant que
d’être reilitué. Les légats lui demandèrent encore
s’il vouloit répondre devant eux aux évêques qui
avoient appellé au pape contre lu i , parce qu’ils
étoient prefens. Il répondit de même , qu’il n’avoit
reçu aucun ordre du pape fur cefujet ; 8c que
quand il l’auroit reçu ,ilfe ro itc e q u i feroitraifon-
nable. Le lendemain le roi de France donna audience
aux légats 8t juftifia Thomas au fujet delà guerr
e , affurant même avec ferment que ce prélat lui
avoit toujours confeillé d’entretenir la paix avec le
roi d’Angleterre.
Les légats allèrent rendre compte au roi d’A n gleterre
de ce qui s’étoit paifé à la conférence -, 8c
pour cet effet, ils fe rendirent à Argentan , le dimanche
vingt-fixiéme de Novembre. Le roi v in t
deux lieuës au devant d’eux, 8c les conduifit jufques
i l . ep,
X I V .
C o n f é r e n c e
d ’ A r g e n t a n .