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tirèrent île fon fervice ; entre autres Renaud Man-
fuer , qui s’enferma dans un château imprenable
qu’il avoir , Si y donna retraite aux prélats chaflez
dç;leurs fieges Si aux autres qui étoient perfecutez
pour la même caufe. Cette divifion fit craindre
aux hommes les plus- fenfez , que les Infidèles ne
s’en prévaluifent pour remettre le païs fous leur
obéïifance. Le roi de Jerufalem avec le patriarche,
les prélats Si lés feigneurs du roïaume, s’aflemble-
rent pour délibérer furce fujet ; Si firent les reflexions
que le patriarche d’Antioche auroit dû faire
avant que d’emploïer les cenfures. Ils n’oferenc
ufer de force pour ;redui.re Boëmond , quoiqu’il
l’eût bien mérité.; de peur qu’il n’appellât à fort
fecours les T u r c s ,q u ’il n’auroitpas chaflez enfuite?
quand il auroit voulu. Ils jugèrent que les prières
Si les avertiflemens fcroient inutiles avec un
homme emporté & prévenu de paflion , Si conclurent
qu’il'falloit fouffrir ce mal , de peur d’en
attirer un plus grand. > Si attendre qu’il plût à
Dieu de toucher le coeur du prince. D ’autant
plus qu’outre l’excommunication de fa perfonne,
tout le pars étoit; en interdit ; enfortc qu’on n’ad-
miniftroit autre facrement que le baptême aux en-
fans.
On convint toutefois par délibération commune
, que le patriarche de Jerufalem iroit à Antio-
che avec Renaud.de Chaftillon beau pere dupnn-
ce,frere Arnaud de Toroge maîtredesTemphers,
Si frere de Roger de Molins maître des Hofpi-
taliers, pour voir s’ils pourroient trouver quel-
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qüe remede à ces maux. Car ils craignoient que
le pape Sc les princes de deçà la mer ne les ac-
cufaflent de négligence ou de malice , s’ils laif-
foient leurs voifins dans un fi malheureux é ta t,
fans leur donner aucun fecours, ni aucune marque
de compaffion. Le patriarche de Jerufalem
prit encore avec lui l’archevêque élû de Cefarée ,
nommé Moine , Albert évêque de Bethléem,
Renaud abbé du Mont de Sion , & Pierre prieur
du faint Sepulchre, hommes prudens Si difcrets ;
puis ils prirent en paiîant le comte de Tripoli ami
particulier du prince d’Antioche , Si s’affemble-
rentàLaodicée, & cnfuite à Antioche,où iis conclurent
la paix pour un temps. Les conditions furent,
que l’on rendroit au patriarche, aux évêques
& aux églifes tout ce qu’ils avoient perdu , & que
l’interdit feroitlevé; mais que le prince demeure-
roit excommunié s’il ne quittoic fa concubine.
Ap rès avoir ainfi un peu appaifé le mal ils feretirèrent.
Mais le prince continua dans fon defordre ,
fans confiderer le péril où il expofoit fon é ta t,
il chaffa fes meilleurs ferviteurs , feulement parce
qu’on difoit qu’ils n’approuvoient pas fa conduite;
fça vo ir , fon connétable, fon chambellan Si trois
autres feigneurs. Ils furent contraints de fe retirer
près de Rupin prince d’Armenie, quiies reçut magnifiquement
, leur donnant d’abord de grands
prefens, & leur aflignant à chacun une fubfiftancc
honnête.
Aimeri qui étoit le troifiéme patriarche d’An-
tioché Latin , eut peu de temps après la confolation
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A n . n S i .
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./ X L V I .
Réunion des Maronites.