
A i l . 1187 ' j S a^rc^a a Arnaud, & lui fit de grands reprocher
de la cruauté avec laquelle il avoit traité les Mu-
fulmans, fur tour des paroles injurieufes qu’il aveit
dites contre Mahomet , & des efforts qu’il avoit
faits pour piller la Meque & Medine. Il faut
donc , a-jeû-ca-t-il, que je vange notre prophète (k
notre religion : toutefois fi tu la veux embraffer je
fuis prec a te pardonner tout le mal que tu nous as
fait Arnaud répondit avec fermeté, qu’il vouloit
mourir Chrétien , & ne témoigna que du mépris ,
tant pour les offres avantageufes que lui fit le fu l-
tan , que pour les tourmens dont il le menaça s
Alors Saladin fe levant en colere lui déchargea un
coup de fabre fur la tête : ceux de fa fuite achevèrent
auili-tot de le tuer , & jetterent le corps hors
de la tente où il demeura jufqu’au foir. C ’eft ainii
que Saladin accomplit fon voeu, & qu’Arnaud de
Chaflillon expia fes fautes par un glorieux martyre 5
dont les feuls écrivains Mahometans nous ont con-
ferve les circonftances. Je compte entre fes fautes L
que l’on ne peut exeufer, d’avoir fi fouvent violé’,
la foi des traitez. Tous lesTempliers & les Hofpi-
taliers pris en cette journée furent égorgez , & on
comptoir jufqu’àdeux cens trente Templiers ainil
mis à mort. Saladin. en donnant cet ordre, dit qu’il
Efi/i.af.Rog. rendroit un grand fervice au pays s’il pouvoit le
f~6i7' purger entièrement de ces affaiïins jc’eft qu’ilsnc
faifoient quartier aux Mufulmans ni en paix ni en-
guerre.
Saladin ayant pris la citadelle de Tiberiade vint
affieger Acre qui eff l’ancienne Ptolemaïde,, voulant
L i v r e s o i x a n t e - q u a t o r z i e ’m e . y ¿3
chaffer les Chrétiens de toutes les places mariti- T-----------7
mes, pour leur ôter la communication avec la Gre- 1187.
ce & le refte de l’Europe. Acre fe rendit au bout
de d eux jours ; & le fultan permit aux Chrétiens d’y
demeurer, ou de fe retirer avec leurs femmes &
leurs enfans, & ce qu’ils pourroient emporter de
leurs biens. Il prit enfuite Jaffa, Naploufe, Sebafte,
Nazareth, Sefouriet, Cefarée qui fut prife de force,
brûlée & faccagée. Hifa que nos auteurs nomment
Caï'fa& Arfoufqu’ilsnomment Affurferendirent :
Saïde ou Sidon fe rendit fans refiftance , Bery-
te ou Beruit après trois femaines de fiege. Afcalon
fu t rendue pour fervir de rançon au roi Gui- de Lu-
lïgnan.
Enfin le dix-neuviéme de Septembre Saladin T *}■ .r \ r « -r r i . / » • Jerufalem prile commença le liege de Jerulalem, qui étoitleprin- par Saladin.
cipal objet de fon entreprife. EUeeûtputenir long-
tems ; mais les affiegez étoient effrayez par la bataille
de Tiberiade & de la prife de leurs chefs & de
tant de places ; 8e ce qui acheva de les confterner,
c’eft qu’ils découvrirent une conjuration formée
dans la ville par un officier de Saladin , Chrétien
Melquite, avec ceux du même rite qui y étoient en
très-grand nombre , & qui haïffoient les Latins
pour les mauvais traitemens qu’ils en avoient reçus.
Le fulan affuré qu’ils lui livreroient une porte
, rejetta avec mépris les propofitions des aflie-
gez , à la tête desquels étoitJa reine Sibille , le patriarche
Herachus&plufieurs feigneurs. Il ditqu’il
étoit obligé en honneur de les traiter comme leurs s„f.uv.tzIT.
predeceffeurs avoient traité les habitans de Jerufa-
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