
z8 H lS fO ïR E E c e tE S ÎASTIC3JJE;
infuportable. On fe plaint qu’il bâtit des palais, tandis
que les cglifestombenten ruine, 8c qu’il marche
orné d’or & de pourpre, tandis que les autels
font négligez. Et vous, dit le pape, qu’en peniez-
vous? Je fuis bien embarrafle, répondit Jean de Sa-
riiberi. Je crains de pafler pour dateur,fi je m’op-
pofe feul à la voix publique ; 8c de l’autre côté je
crains de manquer de refpeâ;. Toutefois puifque
Gui Clement cardinal de iainte Potentienne parle
comme le public , je nofe le contredire.. Car il fou-
tient qu’il y a dans i’églife Romaine un fonds de duplicité
8cd’avarice qui eft la fourcede tous les maux,
8c il le dit un jour publiquement dans l’aflembl-ée
des cardinaux, oùpréiidoit le faint pape Egene, Je
dirai toutefois hardiment & félon ma conicience,
que je n’ai vù nulle part des ecclelîaftiques plus
vertueux , 8c plus ennemis de 1 avarice que dans
l ’églife Romaine. Qui n’admirera le mépris des ri-
cheifes en Bernard de Rennes, cardinal diacre de
faint Cofrne 8c de faint Damien ? Celui dont il a reçu
quelque prefent eft encore à naître. Qui n’admirera
le fcrupule de l’évêque. de Prenefte , qui
s’abftenoit même de ce qu’on reçoit en commun ?
Pluiîeursont la gravité 8c la modération de Fabri-
cius avec l’avantage delà véritable religion.
Puis donc que vous me preHez,je déclare que
l’on doit faire ce que vous enfeignez , quoi qu’il
ne faille pas imiter en tout ce que vous faites. Tout
le monde vous applaudit 8c vous f lat te, on vous
nomme pere 8c feigneur. Si vous êtes pere , pourquoi
attendez-vous des prefens de vos enfans ? Si
L i v r e S o i x a n t e -D i x i e’mk . 2.9
Vous êtes feigneur pourquoi ne vous faites-vous ~
pas craindre des Romains vos fujets? Mais vous * I
voulez conferver Rome à l’églife par vos prefens :
eft-ce ainfi que S. Silveftre l’a acquife ? vous êtes ,
faint pere,hors du droit chemin.Donnez gratuitement
ce que vous avez reçu gratuitement. Le pape
fe prit à rire, 8c loüa Jean de Sarifberi de la liberté
avec laquelle il lui parloit: luiordonnant de
lui rapporter aufli-tôt, ce qu’il entendroitdire de
mal de lui. Puis pour juftifier les contributions que
l ’églife Romaine recevoit de toute la chrétienté,
il allégua la fable de l’eftomac 8c des membres,
quifeplaignoient qu’il profltoitfeulde leur travail;
8c trouvèrent par expérience qu’ils- ne pouvoient
fubfifter fans lui. Mais pour faire l’application jufte,
ileut fallu que le l’églifb Romaine eut répandu fur
toutes les autres des biens de même nature que
ceux qu’elle en recevoit..
Jean de Sarifberi n’étoit pas allé J , r / / à Ro/ me di efon Le paXpVedI-o ïfn.e
leul mouvement ; il y avoit etc envoyé par le roi l’Irlande au roi-'
d’Angleterre, 8c il fut apparemment le porteur de
lalettre que ce prince lui écrivit fur fon avenement ^
au pontificat. Il envoyoit Jean demander au pape
la permiiEon d’entrer en Irlande , 8c de s’en rendre
le maîcre pour y rétablir le Chriftianifme dans
fa pureté ; 8c cette demande étoit fondée fur le
prétendu droit de l’églife Romaine en toutes les
ifl es , que l’on fuppofoit comme nous avons vû dès jasarub.
le tems d’Urbain II. Le pape Adrien accorda à la
priere de Jean de Sarifberi, ce que le1 roi d’Angle-
terre demandoit, comme il paroît par fa bulle où ?■ "+4-
il dit: On ne doute pas, 8c yous le connoiflfez vous*
D i i j