
421 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
“ fauf-conduit, ils furent reçûs par deux cardinaux
N" 117 • & par les capitaines de Campanile, & conduits
avec honneur à Anagni où ils arrivèrent le vingt-
chr. iù. ccu. unième d’Odtobre. Le lendemain le pape leur donna
audience en confiftéire : ils fe prefenterent avec
grand-refpe£t,'& demeurant debout ils dirent V
L ’empereur-notre maître delire ardemment de
donner la paix à l’églife Romaine, & à la ville de
Rome : c’eft pourquoi il nous a envoïez vers vous
avec un plein-pouvoir : vous priant inftamment
que le traité qui fut commencé l’année paffée ,
demeura imparfait pour nos pechez , foit maintenant
terminé. Le pape ravi de cet heureux changement
répondit d’un vifage tranquile : Nous avons
une grande joie de votre arrivée, & nous ne pouvons
apprendre en ce monde, de plus agréable nouvelle
que celle de la paix : s’il eft ainh que notre
empereur, que nous reconnoiffons pour le plus
grand entre les princes du monde, veuille nous la
donner véritable. Mais afin qu’elle foit entiere , i l
faut qu’il la donne auiïi à nos alliez, principalement
au roi de Sicile, aux Lombards, & à l’empereur
de Conftantinople.
Les envoïez loüerent le difeours du pape, & ajoû-
terent : Nous avons ordre de l ’empereur de conférer
en fecret avec vous, &avec les cardinaux : parlée
que nous fçavons que de part & d’autre il y a
des gens mal intentionnez qui ne fouhaitent pas
la paix. Alors tous les affiftans fe retirèrent, & le
pape avec les cardinaux , & les envoïez pafferent
dans la chambre du confeil, où ils entrèrent en;
L i v r e s o i x a n t e -d o u z i e ’m e . 415
conférence. Mais comme l'affaire étoit difficile, à
¡caufe de la quantité de perfônnes puiffantes qui
étoient entrées dans le fchiime, la négociation dura
plus de quinze jours. On allégua les autoritez des
peres, les privilèges des empereurs, les anciennes
coutumes, on difputa long-temps & fubtilement.
Enfin on convint de tous les articles entre leglife
& l’empire ; briffant les Lombards en l’état où ils
étoient, jufques à ce que l’empereur en perfonne
eut une conférence avec eux, & il fut réfolu que le
pape iroit lui- même en Lombardie. Cependant les
envoïez de l’empereur donnèrent de fa part une
pleine sûreté à tous les membres de l’églife Romaine,
pour leurs perfônnes & leurs biens. Us promirent
que l’empereur rendroit au pape la préfeéfure de
Rome & les'terres dela comteffe Mathilde, & qu’il
donneroit sûreté au pape, aux cardinaux, & à leur
fuite pour aller à Venife, à Ravenne & aux autres
lieux où ils avoient deffein d’aller, avec une trêve
de trois mois en cas que la paix fût rompue. Les
chofi ?s ainfi réglées, les envoïez retournèrent con-
tens vers l’empereur.
Avant que de partir d’Anagni, le pape Alexandre
envoïa Humbaud évêque d’Oftie & Rainier
cardinal diacre de faint George, pour faire ratifier
à l’empereur par le confeil des Lombards la sûreté
qu’il avoir promife au pape par fes envoïez. Les
deux cardinaux trouvèrent l’empereur près de Mo-
dene, & en leur prefencc il fit jurer pour lui le fils
du marquis de Montferrat ; & pour mieux témoigner
fes bonnes intentions il fit faire le même fer-
A n. 117S.
Inflrum, ap.
Vagi ann. l i j f .
n. 6,
J lfta item. Ro-
muald. Saler.