
A n . i i 8 z .
U . c. i* .
Vie de Sal&din»
MS. an». 1181.
514 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Infidèles. La maladie dû roi B.mdoüinlV. fe déclarant
plus ouvertement pour être la lépi e, & le rendant
incapable d’agir , il entra en ioupçon contre
Boëmond prince d’An.tioche & Raimond comte de
Tripoli,croïant qu’ils lui vouloient ôter le roïaume.
Il réfolut donc de marier fa fceur Sibile veuve du
marquis de Montferrat; & au lieu de la donner à un
des plus puiftans feigneurs du pais, il la maria précipitamment
à un jeune François Gui de Lufignan,
fils de Hugues le Brun comte de la Marche. Ce
mariage fe fit pendant l’odlave de Pâques contre
la coutume. D ’un-autre côté Arnaud de Châtil-
lon étoit feigneur de Carac ville forte fur la frontière
de Syrie , nommée par les anciens la Pierre
du defert, parce qu’elle eft à l’entrée du defert
d’Arabie fur une haute montagne , & érigée par
les Latins en archevêché. Arnaud alloit fouvent
en parti hors de cette place , & fans avoir égard
aux trêves faites, avec Saladin , il enleva plufieurs
caravanes de marchands qu’il mit aux fers , après
avoir pillé les richeifes dont ils étoient chargez. Il
voulut même executer un deifein qu’il avoit depuis
plufieurs années , de courir jufques apx portés
delà M eque, & il en fit les préparatifs. Mais
l’émir qui commandoit en Syrie en étant averti, fe
mit en campagne ;& fans vouloir combattre contre
Arnaud , fe contenta d’aifurer le paifage aux
pelerins de la Meque. Quelques mois après un
vaifleau portant quinze cens Chrétiens, fit naufrage
auprès de Damiete ; & Saladin fit mettre
aux fers tous ceux qui s’en étoient fau v e z , & con-
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fifqua les marchandifes, puis il envoïa demander
au roi de Jerufàlem la liberté de tous les Muful-
mans qu Arnaud de Chaftillon & les Templiers
de Carac avoient enlevez, & farisfa&ion de tourtes
les hoftilitez comm’ifes par les Chrétiens au
préjudice de la trêve. A faute d'y fatisfaire promptement
Saladin lui déclaroit la guerre, & mena-
çoit de traiter les Chrétiens qu’il tenoit , comme
les Templiers traiteroient leurs prifonniers. Le roi
Baudoüin renvoïa avec mépris l’officier de Saladin ,
craignant dedéplaire auxTempliers, qui faifoienc
profeffion de n’obéïr qu’au pape Si aux fuperieurs
de leur ordre, & qui ne vouloient pas relâcher le
butin qu'ils avoient fait fur les caravanes’ Ainfi
ils obligèrent le roi a faire la guerre , contre l’avis
de tous les feigneurs ; car il n’avoit que deux ou
trois mille hommes de pied , & fept cens chevaliers,
au lieu que Saladin étoit à la tête de vingt
mille hommes.
Dès l’année précédente 1181. Boëmond prince
d ’Ancioche avoic quitté fa femme légitimé pour
une concubine, & le patriarche Aimeri après deux
monitions qui furent inutiles, l’excommunia. Le
prince irricé commençaà perfècutër le patriarche ,
les évêques & les autres prélats du païs : mettant
la main fur eux avec violence, méprifant les fran-
chifes des églifes & des monafteres, pillant leurs
biens & defolant leurs terres. Il affiegea même le
patriarche avec fon clergé dans une forterefle appartenant
à 1 eglife. Quelques feigneurs du païs ne
pouvant fouffrir lesemportemensdu prince, fe re-
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A n . 1182.^
X L V.
Boëmond princû
d’Antioche excommunié.
Gu.tll.Tyr. x x i i ,
c. 7 .