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foit conclure que ces dignitez n’étoient point în-
compatibles , & que Thomas ne renonçoit à la
chancellerie d’Angleterre que par averfion perfon-
nelle pour lui. Mais le principal fujet de leur divi-
fion fut le différend pour la jurifdiétion ecclefiafti-
»ru, que. Un prêtre accufé d’homicide ayant été pris ,
fut renvoie à l'évêque de Sariiberiion diocefain,
À caufe du privilège clérical. La preuve ne fe trouvant
pas complété, l’évêque lui ordonna la purgation
canonique ; & comme il ne put y fatisfaire,
1 eveque conlultal archevêque deCantorberi : qui
condamna le prêtre à être privé de tout bénéfice,
dépofé Se mis dans un monaftere, pour faire peni-,
tence perpétuelle. Vers le même tems un chanoir
ne de Bedford nommé Philippe de Broïe dit des
injures aux officiers du roi : qui en fut extrêmement
irrité contre tout Le clergé. La plainte en
étant portée à l’archevêque, il le fit fuftiger publiquement
Se le fufpendit .de fes fondions pendant
quelques années.
IS- Le roi n’en fut pas content ; Se ayant aifemblé
à Londres l’archevêque Se les évêques, il leur re~
préfenta que pour reprimer les crimes,il étoitné-
ceiTaireqaë les; clercs; après avoir été dépofez, fuf-
fènt livrez au bras féeulier, Se fournis aux peines
corporelles. L’archevêque Se les évêques foute-
noient au contraire, que les canons Se la liberté
eectefiaftique ne le fouffroient pas ; & l’archevê-
que conjura le roi de ne pas introduire cette nouveauté
dans fon royaume , déclarant qu’il ne la
M devoir ni nepouvoit fouffrir. Alors le roi indigné
de voit
L i v r e So i x a n t e -o n z i i 'm ï .
de voir les évêquestous d’accord contre lu i , leur ' ~T
demanda s’ils vouloient obferver les coûtumes de 3
fon royaume -„.ajoutant, que puifqu’elles avoient
été gardées par tous les prélats du tems de fon
aïeul, il feroit trifte qu’elles fuiTent condamnées
de fon tems. L’archevêque ayant pris l’avis de fes
confrères répondit; qu’ils obferveroient ces coutumes,
fauf leur ordre-. c’eft-à-direfauf les droits de
l’épifcopat: Se Hilaire évêque de Chicheftre voïant
le roi plus aigri de cette réponfe, dit de fon chef,
qu’il obferveroit les coutumes royales de bonne
foi. Mais le roi fans s’adoucir le traita avec mépris
; Se fe tournant vers l’archevêque & les autres
prélats , il d i t , qu’ils avoient conjuré contre lu i ,
8e qu’il y avoir du venin dans cette claufe captieu-
fe. Sauf notre ordre : c’eil pourquoi il vouloit qu’ils
promiifent Amplement Se fans reftri&ion d’obfer-
ver les coutumes roíales. L’archevêque répondit :
Quand nous vous avons juré fidélité, nous avons
promis de vous conferver la vie » les membres Se
votre dignité temporelle, fauf notre ordre : Orces
coutumes font comptifes dans votre dignité. Ainfi
nous ne nous obligeons point a les garder en une
autre forme que nous ne l’avons déjà promis.Comme
le jour baiffoit, le roi fatigué, fortit de la fale
en .colere fansfaluer les prélats, qui fe retirèrent
de leur coté ; Se en s’en allant l’archevêque fit de
grands reproches à l’.év êque de Chicheftre, d’avoir
changé de fon propre mouvement la claufe dont
ils étoienttous convenus. Le lendemain le roi retira
des mains de l’archevêque, les places 5e les fiefs
Tome XV . X