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67- différend contre le roi & l’archevêque. Le roi lui
demande quarante mille marcs d’argent, à caufe
des revenus dont il avoit la recette quand il étoic
chancelier ; à quoi il répond, qu’il n’étoit obligé
à aucun compte quand il fut promu à l’archevêché
; ôc quand il y auroit été obligé , il en auroie
été rendu quitte pafr fa promotion. Car il croie
que l’ordination aquitte les dettes comme le batê-;
me remet les pechez. L’Evêque rapporta enfuite
les caufes de l’appel, que lui ôc les autres évêques
d’Angleterre avoient interjetté: favoir leur
opprelïîon ôc le péril du fchifme, que le roi auroit
peut-être embraffé s’ils avoient obéi à l’interdit
de l’archevêque. Il dit auffi que l’archevêque
décrioit le roi à caufe de fes ordonnances; ÔC
là il déclara publiquement, que le roi levoit la
défenfe d’appeller à Rome , qu’il l’avoir fait en
faveur des pauvres clercs , mais qu’il la levoit à
caufe de leur ingratitude : qu’en matière profane
ils plaidaffent devant le juge laïque, en matière
ecclefiaftique, qu’ils demandaient leur renvoi,
L ’évêque de Londres propofa enfin fes griefs particuliers
contre l’archevêque, ôc dit: Il veut me
foûmettre à une fervitude nouvelle, m’obligeant
à envoïer íes lettres par toute l’Angleterre, à quoi
quarante couriers ne me fuffiroient pas. Il a exem-;
pté de ma juridiction environ quarante ég life s ,
& il a fon doïen à Londres, devant qui il prétend
que leurs caufes doivent être portées. Àinfi je
fouffre plus de vexation de fa part qu’aucun autre
évêque.
L i v r e S o i x à n t e - o n z i e ’m e .- É g j
L ’évêque de Sariiberi adhéra à cet appel tant
pour lui, que pour l’évêque de Vincheftre. L archidiacre
de Cantorberi ôc un moine de la même
églife appellerent aufti : ôc tous demandèrent aux
légats des apôtres ou lettres d'appel, qui leur furent
accordées. Les légats quittèrent le roi le mardi
d’après le premier dimanche de l’Avent , c ’eft-à-
dire le cinquième de Décembre ; ôc en cette fepara-
tion le roi pria les légats avec grande humilité
ff’interceder auprès du pape, pour le délivrer abfo-
lumeiit de l’archevêque; ilrépanditmeme des larmes
ôc le légat Guillaume parut en répandre : mais
le légat Otton eut peine à s’empecher de rire , ju geant
apparemment que ces larmes n etoient pas
ferieufes. Le légat Guillaume envola un de fes
clercs porter en diligence au pape les nouvelles de
ce qui s’étoit paffé; ôc le roi lui envoïa auffi deux
députez. Le famedi neuvième de Décembre les
légats étant à Evreux envoierent encore deux députez
au pape, pour lui dénoncer 1 appel des pre-
iats d'Angleterre. C ’eil ce que contient la relation
qui fut envoïée auill-tôt à S. Thomas par un de fe?
confidens.
On voit quelques autres circonftances dans une
lettre de Jean de Sariiberi à l’évêque de Poitiers,
où il die : qu’apès la conférence de Gif°i"s les légats
trouvèrent le roi Ci troublé , qu’il feplaignoic
publiquement d’être trahi par le pape, ôc mena-
çoit de le quitter, s’il ne lui faifoit juftice del’ar-
chevêque de Cantorberi. Après plufieurs confeils
tenus de part d’ature,oü le roi confultoit tan-
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