
iç>é H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
naux les caufes de ion exil. Ce jour-la donc étant
affis le premier après le pape il voulut fe lev er,
mais le pape voulut qu’il pariât affrs,5c il dit : Quoi
que je ne fois pas fort habile , je n’ai pas toutefois
affez peu de fen s, pour quitter fans fujet le roi
d’Angleterre. Carfi j’avois voulu lui êtrecomplai-
fant en to u t, il n’y auroit perfonne en fes états
qui ne m ’obéit abfolument ; & fi je voulois a
préfent changer deconduiteyjen’aurois pasbefoin
de médiateur pour rentrer en fes bonnes grâces»
Mais parce qu’on a obfcurci en nos jours la dignité
de i’églife de Cantorberi, j’aimerois mieux mourir
mille fois , que diifimuler les maux que nous
fouffroas. V oyez vous-même de vos y eu x , ce qui
en eil. Alors il tira l’écrit des coutumes dont il
étoit queftion : 8c ajouta en pleurant : Voilà ce que
le roi d’Angleterre a ordonné contre la liberté de
l’églife : c’eft à vous déjuger fi on peut le diiîimu-
ler en confcience.
L’écrit ayant été lu, tous en furent touchez juf-
ques aux larmes ; 8c ceux mêmes qui étoient auparavant
de différent avis, convinrent alors qu’il
falloit fecouri l'églife univerfelle en la perfonne
de l’archevêque. Mais le pape ayant lu 8c relu attentivement
chaque article des coutumes, entra en
grande colere, 8c reprit vivement le prélat d’y avoir
confentit avec les autres évêques. Puis il ajouta :
Quoi qu’il n’y ait rien de bon dans ces articles, il y
en a toutefois que l’églife peut tolerer en quelque
manière; mais la plupart font condamnez par les
anciens conciles 8c contraires aux faints canons»
L i v r e S o i x a n t e - o n z i e ’ me . 197
Puis fe tournant vers l’archevêque il ajouta: Il faut ^ l lG ,
vous traiter plus doucement, parce que vous vous
êtes relevé auffi-tôt après votre chute, 8c que vous
avez obtenu notre abfolution. C’eft pourquoi nous s»j>.
vous la donnons encore en confidération de vos
pertes 8c de vos fouffrances.
Le 1 endemain le pape étant aifis avec les cardi- v V*
naux dans une chambre plus fecrete, Thomas fe
préfenta 8c dit: J’avouë que c’eft par ma faute que
j’ai excité ces troubles dans l’églife d’Angleterre.
Je ne fuis point entré dans la bergerie par la porte,
mais à la faveur de la puiffance féculiere, quoi que
j’y fois entré malgré moi. Or fi j’avois renonce a
fépifeopat fur les menaces du roi, comme mes confrères
vouloient m e le perfuader , j'aurois laiffé
dans l’églife un pernicieux exemple : mais à préfent
je lefaisenvottepréfence,8c craignant de plus fâ-
cheufes fuites de mon entrée irreguliere 8c de m on
incapacité, je remets entre vos mains ,faint pere,
l’archevêché de Cantorberi. Auffi-tot il tira. 1 anneau
de fondoit ., priant le pape avec larmes de
pourvoira cette églifed’un plus dignepafteurr-ce
qui attendrit tous les affiftans jufques aux larmes.
Thomas fe retira enfuite 8c le pape délibéra
force fujet avec les cardinaux. Les uns étoient d’avis
de profiter de l’occafion pour appaifer la colere
du roi, mettantune autre fujet à Cantorberi, 8c
pourvoyant d’ailleurs Thomas de quelque place
plus convenable. Les autres ne jugèrent pas rai-
fonnable , que celui qui pour défendre la liberté
de l’églife avoir expofé fes b ien s, fa dignité 8c fa
B b iij
I I
B
Jji"
¡1
il