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ïpift. ap. Rad.
il. r. jz.
XV..
JcandeSarisberi
pièsdupape.
Bolicrat. v i n ,
68.
z d 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que puiiTante raifon d'exclufion contre la perfonne
éluë.
A ces conditions le roi promit de faire homage au
pape du roy aume de Sicile, du duché de Poüille, de
la principauté de Capouë ôc de toutes leurs dépendances
; ôc de payer le tribut annuel comme fes pré-
deceffeurs, ôc en donna fa bulle d’or datée devant
Benevent au mois de Juin 1 1 5 6. indiëtion quatrième.
Le pape Adrien donna fa bulle de la mêmeda-
t e , par laquelle il déclare qu’il a fait ce traité étant
à Benevent en fureté & en liberté, ôc y donne fon
confentement. Enfuite le roi vint à l’églife de faint
Marcienprès de Benevent,.où il fe profterna aux
pieds du pape ôc lui fit hommage lige en prefence
de plufieurs évêques, cardinaux, comtes, barons
& autres.Ce fut Otton Frangipane qui fit le ferment
pour le rof, que le pape reçût au baifer de paix; ôc
ce prince fit de grands preferis au pape, aux cardinaux
ôc à toute la cour Romaine, en or, en argent,
ôc en draps de foye.. Le pape ôc le roi fe feparerent
contensrmais les cardinauxattachez à l’empereur
Frideric furent mal fatisfaits de ce traité .comme lui
étant préjudiciable & honteux à l’églife Romaine;
Pendant que le pape étoit en Poüille il fut vifité
par Jean de Sariiberi fon compatriote & fon ami
particulier, alors chapelain de Thibaud archevêque
de Cantorberi. Jean de Sariiberi demeura avec
le pape à Benevent environ trois mois; & le pape
lui ouvrant fon coeur, lui avoüa qu’il avoit trouvé
tant de miferes dans le faint fiége , que toutes les
peines qu’il avoir fouffertes auparavant lui fem-
L i v r e So i x a n t e - D i x i e ’m e ; 17
bloient en comparaifon une douceur ôc une félicité. ~ 11
Qu’il auroit mieux aimé n’être jamais iorti d’An-
gleterre, ou d’ être demeuré perpétuellement caché
'dans le cloître de S. Ruf , que de s’être jetté dans de
tels embarras : mais qu’il n’avoit ofé refifter à la
providence. Pour montrer qu’en s’élevant par dé-
grez i ln ’étoù pas devenu plus heureux, il difoit:
Le feigneur m’a toujours fait croîcre entre l’enclume
ôc le marteau ; ôc maintenant il mettra, s’il lui
plaît , fa main fous le fardeau dont il m'a chargé ,
car il m’eft infuportable.
Il demanda un jour à Jean de Sariiberi ce que,
l’on difoit de lui ôc de l’églife Romaine. Jean lui
répondit avec liberté : On dit que léglife Romaine
ne fe montre pas tant la mere de toutes églifes que uatth. xxin-
la marâtre. On y void des feribes ôc des pharifiens,
qui mettent iur les épaules des autres des fardeaux
exceflifs, où ils ne touchent pas du bout du doigt. Tetr,yr‘ 5*
Ils domihent fur le clergé fans fe rendre l’exemple
du troupeau: ils amaiLnt des meubles précieux ôc
chargent leurs tables d’or ôc d’argent, ôc toutefois
ils font avares pour eux-mêmes. Ils ne donnent
point d’accès aux pauvres, fi-non quelquefois par
vanité. Ils font des concuiïions fur les églifes, ils
excitent des procès ôc commettent enfemble le
clergé ôc le peuple , ôc croyent que toute la religion
confifteà s’enrichir.Touty eft vénal,lajufti-
ce même; ôc ils imitent les démons , en ce qu’ils
femblent faire du bien quand ils ceifent de nuire.
J’en excepte quelque peu qui font leur devoir. Le
pape même eft à charge à tout le monde ôc prefque
D i j