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Lxr. Mort t? Andronic.
540 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nique lequinziémed’Août de la même année, que
les Grecs comptoient 6633. A la prife de cette
grande ville les Siciliens commirent toutes fortes
de cruautez & de facrileges. Ils tuoient dans les
églifes ceux qui s’y étoient réfugiez : ils fouloiens
aux pieds les faintes images , qui chez les Grec&
ne font que de plâtre peinture fur du bois ; ils
les jettoient dans les rues , & les brûloient pour
faire leur euifine. Il y en eut qui montèrent fur
la fainte table , y danferent en chantant, & pilfe-
rent dans le fandtuaire. Quoique puflent faire les
chefs pour reprimer ces infolencesdufoldat vidtp-
rieux , elles continuèrent les jours fuivans : les. Siciliens
entrant dans les églifes troubloient par leurs
cris le fervice divin des Grecs ,. ou chantoicnt en
même temps des chanfons infâmes. Ainfi la haine
réciproque des Grecs'& des Latins s’allumoit de
plus en plus.
L’archevêque de ThefTalonique fut d’un grand
fecours à fon troupeau en cette calamité. C ’étoit
le fçavant Euftath , fi fameux par fon commentaire
fur Homere. Il ne voulut point fe retirer »comme
il eût pû faire avant le fiegc , mais il s’enferma
volontairement avec fon peuple pour le confoler&
l ’exhorter à la patience »& après la prife delà ville ,
il alloit fouvent trouver les comtes, qui comman-
doient les troupes de Sicile pour les adoucir. Ils le
refpe&oicnt »fe levoient à fon abord,l’écoutoiens
patiemment, & avoient égard à fes prières.
Après la prife de Theifalonique , les Siciliens
marchèrent à C . P. ou l’empereur Andronic fe
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préparoit à fe défendre ; mais il avoit au-dedans
des ennemis plus dangereux, qu’il s’étoir attirez
par fes cruautez & fes foupçons. Le plus terrible.
fut Ifaac l’Ange , dont l’aïeul Conftantin natif
de Philadelphie , avoit époufé Théodora der-
niere fille de l’empereur Alexis Comnene -, ce qui
commenta à diftmguer cette famille des Anges»
obfcure jufques alors. Ifaac aïant tué celui qui
voulut l’arrêter de la part d’Andronic » fe fauva
dans fainte Sophie, comme faifoient ceux qui
craignoient d’être pourfuivis pour un meurtre ; ce
qui attira beaucoup de monde, pour voir ce qu’il
deviendroit. Le peuple érnû commença à le demander
pour empereur j on rompit les prifons,
on en tira ceux qu’Andronic y rctenoit ; & avant
qu’Ifaac fortît de fainte Sophie on lui mit fur la
tête la couronne du grand Conftantin , qui étoit
fufpenduë fur l’autel. Enfuite on le fit monter fur
un des chevaux de l’empereur , qui paifoient par
hazard, & on le promena ainfi par la ville , fuivi
même du patriarche Bafile Camatere, qüe le peuple
y entraîna malgré lui. Ifaac l’Ange fut ainfi
proclamé empereur & mis en pofleftion du palais,,
que le peuple pilla en cette occafion; même les or-
nemens des faintes images dans la chapelle impériale,
& le reliquaire où on prétendoit a voir la lettre
de J. .C. à Abgar.
Andronic s’enfuit par mer , mais il fut pris.,
chargé de chaînes & prefenté à Ifaac, qui permit
de 1’ infulter en toutes.maniérés. On lui donna des-
foufficts ; on lui arracha la barbe & les cheveux ,
Y y y M
A n . ii&y,
Ifaac l ’Ange empereur
de C . P.
Nicet. n.Andron%
». 12.
Cang.famil. Biz*
p. t o u
Nie et.». 10.