
4 ? 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
mais après fa mort le roi fe faiiîrde tout,fans avoir
égard à fon teftament : difanr que tous les trefors
appartenoient au prince , & que ce prélat avoir
porté lui même un jugementcontre lui, ayant obtenu
du pape Alexandre un privilège pours’appro-
prier les biens deselercs de fa jurifdifition , qui fe-
roient morts fans les avoir diftribuez de leurs pror-
près mains, quoiqu’ils euffent fait un reflament.
Après fa mort le fiege d’Yorc vaqua dix ans.
On s’étoit plaint au pape Alexandre que quelques
évêques d’Angleterre étoient toujours à la
cour , exerçoient mêmes des jugemens criminels,
& n’offroient point le S. facrifice, commes’en trouvant
indignes. On marquoiten particulier Richard
de Vincheftre, Geofroi Ridel éyêque d’Eli &
Jean d’Oxford évêque de Norvjc -, tous deux fameux
dans l’affaire de fàint Thomas de Cantorben.
Le pape en écrivit avec indignation à l’archevêque
Richard, menaçant de le punir lui-même s’il
ne reprimoitcet abus.L’archevêque, c’eft-à-dire ,
Pierre de Blois.cn fon nom , écrivit au pape , que
f ’étoit d.es calomniés ;& après avoir relevé le me?
rite perfonnel de ces trois évêques , il s’efforce de
montrer en général, qu’il eft avantageux que les
évêques afïiftent aux confeils des rois. Ce n’effc
pa s , d it- il, une nouveauté, car comme ils furpaT
fent les autres en dignité & en fageffe , auffi font-
ils plus propres au gouvernement de l’état. Jl ra-
porte pluiîeurs exemples de l’ancien teftament où
les rois prenoient le confeil des prophètes &( de?
prçtres, & ajo.û.re ;
Vous
L I V R E S O I X A N T E - T R E I Z I E M E . 497
Vous devez fçavoir que fi les évêques n’étoient
auprès des ro is , le clergé feroit exceffivement opprimé
par les laïques ; car quand les cenfures ec-
clefiaftiques ne fuffifent pas, ils font venir au fe-
cours l’autorité du prince. Si le roi , comme il arrive
fouvenc , eit irrité contre des innocens, les
évêques I’adouciffent par leurs prières. Ils font modérer
la rigueur des jugemens , écouter les plaintes
des pauvres , foulager leur miferes ; ils affermif-
fent la liberté du clergé , le repos des monafteres,
la paix despeuplés, l’autorité desloix, ils font ob-
ferver les décrets du faint fiege , ils augmentent la
dévotion des laïques & les domaines l’églife, A
toutes les principales fêtes ils vont à leurs églifes ;
où par la diilribution des aumônes, laconfolation
des veuves & des orphelins, la correction de ceux
qui leur font fournis & d’autres bonnes oeuvres, ils
reparent le fejour qu’ils ont fait à la cour. Au lieu
qu’à la cour de Sicile il y a des évêques qui font des
lept & des dix ans fans en fortir : fi bien qu’il
-cil indiffèrent qu’ils vivent ou qu’ils meurent,
pour la confervation des domaines de l’églife , ou
le gouvernement des ames. Nous avons voulu
quelquefois retirer nos évêques de cette affiduité
a la cour, mais elle a été jugée utile par des gens
fages ; dont ils ont fuivi le confeil, malgré les in-
commoditez qu’ils y fouffrent & qui leur feroient
defirer d’en fortir. Je vous prie donc , faint pe-
r e , de pefer l’utilité de l’éghfe Anglicane avec
les ineonveniens qu’on vous a malicieufement re-
prefentez, & quand vous nous aurez fait fçavoir
Tome X F , R r r