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point ainfi donné le roïaume ; mais que feulement
par refpeét pour la religion il a choiiï le pàpe pour
ion pere, & a voulu recevoir fa benediéiion 8c le
fecours de fes prières. Ils ajourent cette preuve,
que Conilantin partageant le monde entre fes en-
fan s , donna à l’un d’eux l’Occident qui comprend
l’Italie ; çe qu’il n’auroit pas fait s’il l’eût
donnée à l’égbfe. Ils difent auili queThéodofe 8C
plufieurs autres pieux empereurs ont eu Rome
pour leur partage avec les roïaumes d’Occident.
Les défenfeurs de l’églife répondent , qu’il n’eft
pas croïable que Dieu l’ait tellement abandonnée
à l’efprit d’erreur, qu’elle poifedât ce qui ne lui ap-
partenoit point. Car plufieurs perfonnages d’une
vie exemplaire ont tenu jufques à prefent des droits
roïaux, avec lefquels on croit qu’ils ont gagné le
roïaume de Dieu. On peut auili prouver d’ailleurs
que Conilantin a juftement accordé fes droits à l’é glife,
8c qu’elle lésa reçus licitement. Car fi Dieu
les'a donnez juifement aux rois, & a difpofé la vo lonté
du peuple à fe foumettre à eux , il a auili incliné
la volonté des princes pour donner çes droits
à l’églife.
Pour moi, ajoute Godefroi, s’il faut dire mon
fentiment, j’avoue que j’ignore lequel eft le.plus
agréable à Dieu, de la gloire & l’élévation prefen-
te de l’églife, ou de fon humiliation précédente.
Plufieurs eftiment ce premier état plus faint, celui
ci plus heureux ; 8c moi je m'en tiens au fentiment
de l’églife Romaine notre mere fondée fur
la pierre qui eft J. C . J’eftime qu’elle doit poife-
A n . 1186.
Sup. liv . LXIï.
n. par. 17. pf
499-p. 504.
L i v r e s o i x a n t e - q u a t o r z i e ’me . 5 4 7
der ce qu’elle poifede, puifqu’elle ne peut tomber
dans l’erreur & que fa foi ne peut manquer. Je laiiTe
àceux qui lont au-delfus de nous la folution des autres
queftions de cette nature. En parlant de l'excommunication
de Henri IV. par Grégoire V I I . il
ajoute : Avant cet empereur nous ne liions point
qu’aucun ait été excommunié ou privé de l’empire
par le pape. Peu après il déclare qu’il a tiré ce qui
précédé des hiftoires écrites, mais que ce qui fuit
eft ce qu’il a appris de perfonnes dignes de fo i, ou
ce qu’il a vû lui-même. Il finit à l’an 1186. & au
mariage de Henri VI. avec Confiance ; mais tout
ce corps d’hiftoire eft mêlé de beaucoup de fables,
comme les autres du même temps.
Le pape Urbain & l’empereur Frideric eurent
plufieurs conférences touchant les affaires que Lu-
cius avoit laiffé indécîfes ; 8c qui produiiïrent bientôt
des différends entr’eux. Car Urbain étoit zélé
1 i i t»/ i r Slav. pour les droits de leglife , & comme Milanois il c- ,i-
avoit peine à oublier les maux que Frideric avoit
faits à fa patrie. Il fe plaignoit que ce prince s’étoit sup. i. l«.*. ui
emparé injuftement des biens que la princeffe Ma-
thilde avoit donnez à l’églife Romaine, qu’il pre-
noit les dépoüilles des évêques morts, enforte que
leurs fuçCeffeurs trouvant les églifes dénuées de
tout, étoient réduits à faire des extorfions injuftes :
enfin que l’cmpereuravoit difïipé plufieurs naonaf-
teres de filles, dont il avoit pris les revenus , fous
prétexte de la conduite déréglée des abbeiTes , fans
en mettre en leur place déplus régulières. L’empe-
reur de fon côté fut fort irrité de ce que le pape
Z z z ij
ut.
Différends entre*
Ie pape & Frideric.
S up .l, nxu, n. 48£