
A n. 1155-
VI.
Deputation des
Romains«
O tto . II« (C* 2.1«
10 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fut réfolu que le roi feroit fonéfion d’efcuyer auprès
du pape. Cé qui fut exécuté le lendemain à la
vûë de toute l’armce: il lui tint l'étrier pendant la
longueur d’un jet de pierre, 8c le pape enfuite le re-
^utaubaiferdepaix. ( f
Cependant les Romains ayant apris l’arrivée du
roi , lui envoyèrent des députez gens habiles 8c let-
trez, qui ayant reçu fauf conduit fe prefentcrent
devant lui entre Rome & Sutri, 8c lui firent une harangue
où ils difoient en fubftance: Nous venons ,
grand roi, de la part du fenat 8c du peuple Romain,
vous offrir la couronneimperiale,danslefperance
que vous nous déliv rerez du joug in jufte des clercs,
& que vous rendrez à Rome l’empire du monde 8c
ion ancienne fplendeur , enrétabliflaut le fenat 8c
l ’ordre des chevaliers. Nous vous avons fait notre
citoïen 8c notre Prince d’étranger que vous étiez:
vous devez de votre côté nous promettre la confirmation
de nos anciennes coutumes 8c des loix
accordées par vos prédeceffeurs : donnera nos officiers
qui vous recevront dans le Capitole jufquesa
lafomme de cinq mille livres d’argent; 8c nous défendre
de toute infulte jufques à effufion de fang.
Nous vous demandons fur tout cela vos lettres 8c
votre ferment.
ils en auroient dit davantage, mais le roi furpris
8c indigné de ce commencement de harangue leur
répondit: Rome n’eft plus ce qu’elle a été : fa puif-
fance a paffé premièrement aux Grecs puis aux
François, il n’efl pas vrai que vous m’ayez apelléni
fait votre citoïen ôc votre prince, nos rois Charles
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’ m e . h
ScOtton ont conquis parleurvaleurRome 8c l’ Italie »........... .
fur les Grecs 8c les Lombards, fans en avoir obliga- A n . i i 55.
tion à perfonne ; 8c l’ont jointe a l’empir,e François.
Il eft vrai que vous avez imploré notre fecours ,
contre des ennemis dont vous ne pouviez vous délivrer
ni par vous-mêmes, niparles Grecstrop amo-
lis. Enfin je fuis votre maître par une poiTeffion légit
ime, 8c le Sicilien en qui vous avez confiance ne
vous affranchira pas de mon pouvoir. Quant au ferment
que vous me demandez, ce n’eft pas aux fujets
à faire la loi au prince: je conviens que je vous dois
la juftice 8c la protection, fans qu’il foit befoin
d’en faire de ferment ; 8c pour l’argent je ne fuis
pas votre prifonnier pour marchander avec moii
je fais mes liberalitez comme il me plaît.
Quelques-uns des affiftans demandèrent aux députez
s’ils avoient encore quelque chofe à dire , 8C
après avoir un peu délibéré, ils répondirent qu’ils
vouloient auparavant raporter à leurs concitoïens
ce qu’ils avoient entendus, 8c que fuivantleurcon-
feil ils reviendroient vers le roi. Ils s’en retournèrent
ainfï ; 8c le roi fe doutant de leur artifice, confulta
le pape, qui lui dit: Mon fils, vous connoîtrez encore
mieux par experience les artifices des Romains,
& qu’ils ne font venus 8c retournez que pour vous
tromper. Mais il faut les prévenir : envoïez promptement
de vos meilleurs troupes fe faifir delà v ille
Leonineôcdel’églifede S. Pierre, que je vous ferai
rendre. La chofe fut ainfi executée, 8c le roi envoïa
dès la nuit même pouf cet effet mille chevaliers
choifis conduits par le cardinal O&avien.
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