
An 8— rufalem. Ils le faluerent de la part du roi Baudouin,
N. n 8 j. Jg jfejg neurs toutlepeuple defonroyaume;&
r.0. H >«. 10. lui expoferent avec larmes le fujet de leur voyage .Ils
lui rendirent auffi une lettre du pape Lucius, qui re-
prefentoir l’érat déplorable où la terre fainte fe
trouvoit réduite par les viéboircs de Saladin, &c la
maladie du roi de Jerufalem : recomma,ndoit au
roi d’Angleterre le patriarche & le maître de l’hôpita
l; & lefaifoit fou venir de la promefle qu’il avoit
faite de donner du fecours à la terre fainte. C ’effc
sap.Uv.i.xxu.». quand il reçut l'abfolution du meurrrede S. T h o mas
de Cantorberi. Le roi répondit, que Dieu aidant
la chofeiroit bien , & donna .terme aux am-
bafladeurs pour apprendre faréfolution au premier
dimanche de Carême , qui cette année u8j. étoit
le dixième de Mars.
C e jour fe trouvèrent à Londres le roi Henri,
le patriarche HeracLius , les évêques , les abbez ,
les comtes & les barons d’Angleterre ; Guillaume
roi d’Ecoife avec David fon frere &c les feigneurs
g*d.pic.f. 616. du pays. Huit jours après on délibéra fur la proposition
des ambaifadeurs ; & on mit en queftion
lequel étoit plus à propos, que le roi allât en
perionne au fecours de Jerufalem , ou qu’il demeurât
en Angleterre , dont il avoit reçu la cou ronne
en face d'égide. Quelques-uns iniiftoient fur
le ferment qu’il avoit fart à fon facre ; & foûte-
noient qu’ilé to it plus obligé à maintenir la paix
dans fon royaume , & le défendre contre les inful-
tes des étrangers , qu’à marcher en perfonne à la
dçfenfe de l’Orient, Car en quittant l'Angleterre
L i v r e s o i x a n t e - t r e i z i e’me. s i 7
il avoit beaucoup à craindre & de la part des Fran- ----------
çois.& de la part des princes fes enfttns. Le roi A n . i f8j .
Henri fe rendit à cet a v is , & répondit au patriar- Girard, ii.mb.
che de Jerufalem qu’il n’iroit p o in t, mais qu’il ‘jf. Bromft^chr.
aideroitde fon argent ceux quivoudroient y aller.
Le patriarche mal content de cette réponfe, dit :
Vous ne faites rien,feigneur, nous cherchons un
prince & non de l’argent : on nous en envoie de
tous les païs ; mais nous demandons un homme.
Il infiftoit que le roi envoïât au moins un de fes
fils jmais le roi répondit qu’il ne pouvoit les engager
au voiage en leur abfence. Le patriarche fru-
ftré de fon efperance le menaça que Dieu l’aban-
donneroit, & s’emporta jufqu a lui reprocher fes
infidelitez envers le roi de France , & la mort de
faint Thomas de Cantorberi ; & voïant le roi fo r t
irrite de ce difeours, il lui tendit le col en difant :
Faites de moi ce que vous avez fait de Thomas :
j aime autant que vous me faifiez mourir en A n gleterre
, que les Sarrafins en Syrie , puifque vous
êtes pire qu’un Sarrafin.
Enfuite le roi H en r i, le patriarche & le maître
de l’hôpital paflerent en Normandie,& firent à '
Rouen la fêtede Pâques, qui cette année nSy. fut
le vingt-uniéme d’A v r il.L e ro id e France aïant appris
l’arrivée du roi d’Angleterre, vint en diligence
le trouver à Vaude-de Reuilprèsde Roiien , où
ils confererent pendant trois jours, & promirent
d’en'voïer à la Terre-fainte un grand fecours, tant Rwr./,.6}0.
d’hommes que d’argent. Comme le roi d’Angleterre
avoir permis à tous fes fujets de fe croifer
Tome X V . Y y y