
An. U66. i i 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
des injures aux religieux qui en furent les porteurs,
xxiv. Toutefois le roi d’Angleterre Confercnce de n eût\ unre. confechinon.
rence a Chmon en louraine , avec les leigneurs
‘ l' 4°' & fes conieillers les plus confidens, pour lavoir ce
qu’il devoit faire en cette occafion. Là il fe plaignit
amerement de l’archevêque, difant avec larmes
Se foupirs qu’il lui enlevoitle corps 8c l’ame,
8c qu ils étoient tous des traîtres, qui ne vouloient
pas s’appliquera le délivrer de la perfécution d'un
feul homme. L’archevêque de Roiien qui étoit pré-
ient s’échaufa un peu contre le r o i , 8c le reprit de
cet emportement, mais avec douceur félon fon
naturel. Ce qui aigrifloit le roi c'étoit les lettres
que Thomas lui avoir écrites Se à l’imperatrice ia
mere ; Se il craignoit qu’il ne prononçât inceifam-
ment l’interdit fur fon royaume Se l’excommunication
contre fa perfonne, par fon autorité de légat.
Pour le tirer d’embarras Arnoul évêque de Li-
fieux; dit que l’unique remede étoît de prévenir
la fentence par une appellation. Ainiï le roi qui
prétendoit que les appellations au pape étoienc
contraires à l’ufage de fon royaume , fe trouvoit
réduit à y avoir recours lui-même.
Suivant ce confeîl l’évêque de Lifieux 8c l’évê-
que de Séés partirent pour aller trouver l’archevêque
de Cantorberi 8c lui fignifier un appel, qui fuf-
pendit fa fentence jufques à l’o&ave de Pâque de
l’année fuivante. L’archevêque de Rouen alla auffi
aveceux, pour ê tre ,com me ildifoit, lemédiateur
de la paix. Mais quand ils furent arrivez àPonti-
gni ils n’y trouvèrent point Thomas: il étoit al-
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lé àSoiffons pour implorer les fuffragesde la fain- ~r.
te Vierge , de S. Draufin 8c de S. Grégoire , dont N' 1
on croïüit y avoir les reliques. Il vouloir ainfi le
fortifier pour le combat qu’il alloit livrer au roi
d’Angleterre en portanrfafentence contre lui : car
S. Draufin étoit invoqué par les champions à la
veille d’un combat. Aïant pafle trois nuits en prières
aux églifes decesdaints, il partit le lendemain
d e l ’Afcenfion pour aller àVe ze ia i, &; y prononcer
le jour de la Pentecôte l’excommunicat ion contre
le roi 8c les fiens. Mais le vendredi d’avant la
fête , il apprit certainement que le roi d’Angleterre
étoit grièvement malade , enforte qu’il avoit
envoïé s’excufer d une conférence qu’il avoit demandée
au roi de France. Cette nouvelle obligea
Thomas à différer l’excommunication du roi d’Angleterre:
commeonle lui avoit déjà confeillé.
Le jour de la Pentecôte qui cette année 1 166. T^ as
étoit le douzième de Juin, Thomas étant à Veze- communie jea»
lai dans l’églife delà Madeleine où il y avoit un
grand concours de peuple de diverfes nations monta
au jubé, 8c fit un fermon, enfuite duquel il dé-
nonçaexcommunié Jean d’Oxford pour être tombé
dans le fchifme en prêtant ferment à l’empereur,
en l’affemblée de Viribourg , avoir communiqué
avec l'archevêque de Cologne fchifmatique , 8c
avoir ufurpé le doyenné de Sarifberi contre la dé-
fenfe du pape. Il excommunia auffi nommément |
Richard archidiacre de Poitiers avec cinq autres,
& en général tous ceux qui à l’avenir mettroient la
main fur les biens de l’églife de Cantorberi. Quant.