
i i 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
àtous les biens temporels;&que fi vous aviez voulu
confentir aux nouveaux abus, vous pouviez non-
feulement vivre en paix, mais regner avec le prince.
Vous auriez écé invincible en loûtenant la bonne
caufe, iî vous n’aviez été abandonné deceux qui
devoientla fouteniravec vous: mais leur foibleffe
adonné du courage à vos ennemis. De votre parc
vous avez expofé même votre vie; mais il paroîc
que le roi vous a épargné & a c'onfervé de l’affection
pour vous ; pendanc qu’il effaïoit de vous ré1-
duire par la crainte. Il auroit pû empêcher votre
fortie s’il avoit ufé de fa puiffance, 8c tant que vous
auriez été en Angleterre, vous n’auriez pas eu tant
d’occafion de lui nuire ni fes ennemis de le décrier.
Je vous prie de confiderer fouvent quelle eft
votre caufe , quel eft votre adveriaire 8c qui font
vos protecteurs. Votre caufe eft manifeftement juf-
te.puifque vous combattez pour la liberté de l’égli-
fe, que l’on ne peut attaquer fans intereffer la foi.
Mais vous avez un adverfaire qui fe fait craindre
des plus éloignez par fa fineffe, de fes voifins par
fa puiffance, de fes fujetspar fa feverité : que fes
heureux fuccès ont rendu H délicat-, qu’il prend
pourinjure un manquede complaifance. Ilferend
quelquefois traitable à l’humilité 6c à la patience,
mais il ne veut pas être attaqué par force, afin de
ne paroître rien faire que de fon bon gré. Car il eft
fenfibleà la gloire jufques à aimer la Aatcerie. C’eft
ce qui fait que tous vos fuffragans vous ont fi lâchement
abandonné: enforre que vous ne pouvez
compter fumeux, puisqu’aïant été caufe de la divi-
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Îîon ils ne font pas propres à travailler à la récon- -
ciliation. Ceux d’un moindre rang vous aiment A n. i i î j .
fincerement pour la plupart; mais la crainte de
l’exil les retien t, 8t ils fe contentent de foupirer Sc
de faire pour vous des voeux en fecret.
Quant aux feigneurs, il eft certain qu’ils ont
fait une efpece de conjuration contre l’églife, pour
s’oppofer toujours à fon utilité 8c à fa dignité :per-
fuadez qu’elle ne/s’enrichit 8c ne s’élève qu’à leurs
dépens. L’occafion favorable les rend plus ardents,
8c ils difent qu’ils ne travaillent que pour l’interêc
du royaume. Que le roi ne doit pas regner avec
moins de dignité que fes prédeceffeùrs, qui avoient
moins de puiffance ; 8c ils attribuent à fa dignité
toutes les anciennes entreprifes , quoi qu’elles ne
s’accordent ni avec la foi, ni avec la raifon. Dans
le fonds ils le flattent , en l’engageant dans une
mauvaife affaire , dont ils efperent la diminution
de ia puiffance, pour recouvrer l’ancienne impunité
de leurs crimes.
Si vous confiderez le fecours des étrangers, ils
l’offrent d’abord de bonne grâce & abondamment;
mais leur affeébion fe refroidit à la longue , 8c la
grandeur de la dépenfe diminue la libéralité. Il faut
donc ufer avec bien delà difcretion de ce qu’on ne
nous donne que par pure charité ; 8c ne pas prendre
tout ce qu’on nous offre, pour n’en pas epuifer
lafource. Vous devez pefer mûrement toutes ces
confiderations. .'Jî . l .:■. > .
Le plus fur eft de garder la modération, fans de-
fefperer par la crainte de l’adverfité ni vous opi-
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