
4*8 H i s t o i r e E c c e e s i a s t i q u e .
-------------- Quant au roi de Sicile,noüs fommes très-aifes qu’il
A n * H??- foit compris dans ce traité,parceque c’eft unprin-
ce qui aime la paix & là juftice ; nos voiageurs le
fçavent par expérience j Si il V a plus de furete
dans les bois de fon roïaume que dans les villes des
autres. "v ’
Trois jours après arrivèrent àFerrare Chriftien
chancelier de l'éinpereur, les archevêques- de C o logne
, de Magdebourg & de Treves ; levequfc
élu d é fo rm é s f Godefroi autre chancelier , & le
protonotaire. Le pape leur donna audience en con-
fiftoire , où étoient les envoïez du roi de Sicile &
les députez des Lombards -, & ils déclarèrent que
l’empereur leur avoit donné pouvoir a eux fept de
conclure la paix avec le pape, le roi dé Sicile &
les Lombards ; comme il a voit promis à Anagni.
Lé pape ,en fut'très content, & nomma de fon côté
fept cardinaux : lés Lombards nommèrent aüffi
fept comffliiïaires, dont quatre étoient des eve-
ques; & le pape voulut que les deux envoïez du
roi dé SicileaiTiftaiTent aux conférences. On commença
■ par difputer fur le lieu de 1 entrevue entre
le pape & l’ëmpereùï'I&■ après plufieure jours de
conteftation ,on convint qu’elle fe feroit à Venife,
à condition que lé pape prendroit fes furetez de
I3 part dés Vénitiens. Le.chancelier Chriftien qui
ne fe ctrnoïtf1 pas en fûrété à Fcrrare, en partit le
Jeudi-faintj& fe retira en diligence à Vénife : mais
le p a p e 'célébra folemnellement à Ferrare la fête de
Pâques, qui cette année 1177. fut le vingt Quatrièm
e d ’A v r il.
L i v r e s o i x a n t e - t r e i z i e ’me . 4 1 ?
Il en partit le neuvième de Mai furies paleres du
roi de Sicile , & fut reçû à Venife avec les mêmes
honneurs que la première fois. Il ordonna aux com-
miffaires de s’affembler dans la chapelle du palais
patriarcal où il logeoit,& de commencer par la paix
des Lombards, qui étoit de plus longuedifeution.
On ne put en convenir, & le pape propofoit une
trêve avec les Lombards &c le roi de Sicile, qui ne
fut pas acceptée par l’empereur ; car il n’alloit point
droit en ce traité : il fe défioit de fes propres com-
miffaires;& s’étant approché jufques à C h io g ia,il
vouloit entrer à Venife malgré le pape , étant fa-
vorifé par une partie des Vénitiens, nonobftant:
les fermens qu’ils ayoient faits au contraire. Le
duc de Venife & les fages n’en étoient pas les maîtres
; mais les envoïez du roi de Sicile retinrent ce
peuple , en le menaçant de la colere du roi leur
maître. Ces difficultez firent durer la négociation
jufques à la fin de Juillet. Enfin le chancelier C hriftien
& les autres commiifaires de l’empereur lui
déclarèrent librement que fa puiffance ne s’éten-
doit pas fur leurs ames, & qu’ils ne vouloient pas
fauffer les fermens qu’ils avoient faits au pape à
A n a gn i, fur la foi defquels il étoit venu à Venife;,
qu’ils le reconnoiffoient pour pape &C renonçoient
à l’antipape qui étoit en Toicane. Alors l’empereur
fe rendit à la p a ix , félon qu’elle avoir été prq-
jettée avec féglife-, le roi de Sicile & les Lombards,,
& après de nouveaux fermens prêtez pour lui* &
pour les feigneurs Allemands, il vint à Venife le
famedi vingt-troifiéme de Juillet.
H b h i i j
A, n . n 7 7 .
IV .
Réconciliation«
de l'empereur
avec le pape.
Ro mu a ldi