
A SI 1174.
X IX V I I I .
Tin de S. P ierre
âc Tarantaiie.
V it et c. "Bol,
8. M e tj. tô> 15* p»
BK | I
Rob. Mont» »74«
35>i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qj j e.
qui fouhaitoient qu’il terminât cette affaire dans le
concile qu’il alloit celebrer à Tours. Le pape y
étoit favorablement difpofé ; mais il furvint une
grande multitude de perfonnes, qui demandoient
la même grâce pour diverfes provinces, & le pape
ne jugeant pas poffible de les fatisfaire tous jj réfo-
lu t , pour éviter le fcandale , de différer la canoni-
fation de S. Bernard. Enfin dix ans après les moines
de Clairvaux & plufieurs autres perfonnes du
premier rang aïant renouvelle leurs inftances ; le
pape, de l’avis des cardinaux, le canonifa folem-
nellement, & ordonna que fa fête feroit celebrée
publiquement le jour de fa mort. C ’eft ce qui paraît
par quatre bulles dattées d’Anagni le dix-
huitiéme de Janvier 1174. La première adreffée à
tous les évêques, les abbez les autres prélats de
France ; la fécondé au roi L ouis , à qui le pape recommande
la prote&ion du monaftere de Clair-
v au x , où repofe le corps du faint. La troifiéme à
tous les abbez de Cîteaux, & la quatrième à Gérard
abbé de Clairvaux Si à fa communauté. C ’eft:
ainfi que faint Bernard fut canonifé vingt ans &.
cinq mois après fa mort.
Vers le même temps le pape envoïa en France
faint Pierre archevêque de Tarantaife, pour travailler
à reconcilier les deux rois de France & d'Angleterre,
dont la divifion caufoit tant de maux ; la
mort des hommes, la défolation des païs, lâ ruiner
des églifes. Quand le faint prélat reçut cet ordre du
pape,il déliberoit s’il vendrait le peu qu’il avoir de
chevaux, pour avoir dequoi mieux affifter les p a u vres.
L i v r e s o i x a n t e -d o u z i e ’m e . 393
vres. Henri abbé de Hautecombe,depuis de’Clairvaux,
& enfincardinal évêque d’Albane, confulté A
fur ce fujet, reprefenta à l’archevêque qu’il pourrait
bien faire fes vifites à pied dans l’étenduë de fa
province ; mais qu’il lui feroit impoflible de faire
ainfi les voiages les plus longs qu’il ne pourrait éviter.
La deflus arriva le courier du pape apportant
l ’ordre d’aller en France avec toute la diligence
poffible. Le prélat fe mit donc en chemin & fit plufieurs
miracles en ce voïage, où l’abbé de C îteaux
i ’accompagnoit.
Il trouva le rai Louisà Chaumont en Vexinavec
le jeune roi Henri fon gendre ; qui accourut au devant
du faint prélat, & dès qu’il le vit il defeendit de
cheval, courut lui embraffer les pieds, & malgré fa
refiftance lui ota fa chape dont plufieurs avoient
déjà coupé des pièces. Et comme les moines qui
accompagnoiént 1 arche vêque,demandoient au jeune
prince ce qu’il vouloir faire de ce vieil habit
dans fon treior, il répondit: Vous parleriez autrement
fî vous fçaviez combien de malades ont été
guéris par fa ceinture que j’ai reçue ces années paf-
fees. Le faint prélat fit plufieurs miracles depuis fon
arrivée , & guérit entr’autres un enfant de douze
ans, aveugle depuis fèpt, enprefence des deux rois
& du comte de Flandre. Il fit approcher cetenfant,
que les officiers des rois repoufloient avec fa mere ;
lui mit dans la main un denier, & aïant mouillé
fes doigts de fa falive, lui fit le figne delà croix fur
les yeux & fur la tête, & pria un peu. Les rois &
les autres le regardoient & fe demandoient s’il le
Tome X V . D d d