
io8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ment de ion regne il découvrit fa penfée. Il
promettoit de rétablir la grandeur de l ’empire , Sc
de foûmettre facilement à Rome toute la terre ,
pourvu que le pape lui aidât ; en excommuniant
ceux à qui l’empereur déclareroit la guerre. Il ne
trouva pas alors un pape difpofé à une telle iniquité
: c’eft pourquoi il en a voulu faire un qui lui
fut dévoilé. Ec enfuite ;
Tous les jugemens doivent être libres, mais fur
tous les jugemens ecclefiaftiques, au lieu qu’en celui
ci ce n’a été que violence d’une part &c artifice
de l’autre. Les juges affemblez en préfence d’une
armée, menacez, intimidez ont précipité leur fen-
tence. On prétend avoir prouve que l’éledion de
V id o r a été la première & la plus canonique: mais
comment l’a-t’on prouvé? Le doïen de S. Pierre Si
deux chanoines au nom de tout le chapitre, §ç les
recteurs du clergé de Rome l’ont affirmé avec ferment
, le refped de RomeSc d'autres citoïens ont
offert de jurer de même , mais on n’a reçu que le
ferment des eccleiiaftiques , parce que l’affaire a
paffé par leurs mains. Quieft affezaveugle pourne
pas voir un artifice fi groifier ? Tout le monde fait
de quelle confideration font, principalement dans
l’élection du pape, ces reéteurs que l’on fait tant
valoir, Perfonne ne croira qu’ils y ayent eu part
comme ils fe vantent; mais je veux qu’ils ayent été
préfens au commencement de la querelle: ont-ils
fuivi Roland jufques à fon facre pendant douze
jours? Lechapitrede S. Pierrela-t’il vû, & le préfet
qui eft e*ilé ôç à qui il h’eft pas permis d entte^
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e 'm e . iéjH
dans Rome,lui & les autres citoïens ont-ils aproché j j j j j J ^
des terres du roi de Sicile Sc du lieu ou s eft fait ce facre?
On les a donc difpenfez exprès du ferment, parce
quils ne l’auroient pas fait, pourne pasbleffer
leurconfcience, ou dumoins leur réputation.
Au refte, qu’eft devenu ce grand nombre de la
plus faine partie des cardinaux ? Ont-ils été corrompus
par l’argent que les fenateursontconfeflfi
avoir reçu., pour promettre avec ferment la promotion
d 'Od a v ien , 8c qui a été deftiné par le peuple
à la réparation des murailles ? De ce grand nombre
il n’eft refté que trois cardinaux, dignes d’être
jugez par les Allemans dans leur camp.Guillaume
de Pavie cardinal de S. Pierre-aux-liens a ete informe
de tout : pourquoi ne 1 a-t-on pas interroge
au concile de Pavie? C ’eft qu’il n’auroit pas parlé
en faveur de V id e r ; 8t il a exprès garde le filence
dans ce tumulte où il nevoyoitque de 1 emportement
: fachant que ce que Ion y faifoit ne pou-
voit préjudicier à la liberté de 1 eglife. Mais fi
l’éledion de V id o r a été fi canonique, pourquoi
tous les évêques cardinaux hors ces trois n ont-ils
point affifté à fon facre; Et qui en a empêché les
évêques de Tofcanequi y étoient appeliez, finon
la crainte de commettre un facrilege ? J admire
que tout le monde fuit le pauvre Alexandre, Sc
qu’on aime mieux fouffrir 1 exil avec lui, que régner
en s’attachant a fon adverfaite. Tous les ordres
des cardinaux, toute la cour Romaine eft
avec lui. Ils ne craignent pointlafentence du concile
de Pavie, au contraire ils çnt prononce anathe-;
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