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i— ~— dée depuis peu par le même roi , & la première
1 maifon de cer ordre en Angleterre. Le roi eut une
«i». Ang. g rancje joïe de cecce éledtion, l’archevêque de Can-
torberi la confirma, & ils envoïerent l’un & l’autre
au prieur Hugues l’exhortant à l’accepter. Hu-
gues qui connoiffoit les difficultez & les périls de
lepifçopat,s’exeufa diiant, quel’éleélion étoitnulle
, non feulement à caufe de l’indignité de fa per-
fonne , mais parce qu’elle avoit été laite.par l’auto-
lité du roi &i de l'archevêque, hors de l’églife vacante
; & qu’il ne pouvoit y confentir fans la per-
miffion du prieur de la grande Chartreufe fon fu-
perieur. Il renyoïa ainfi les députez, exhortant le
chapitre à faire un meilleur choix, & eiperant les
rebuter par ces difficultez. Mais les chanoines, pour
ne lui biffer aucune exeufe, s’affemblerent de nouveau
dans l’églife de Lincolne, & l’élurent rout
d’une voix ; puis ils envoïerent à la grande Chartreufe
des députez notables, qui rapportèrent non
feulement la permiffion, mais le commandement
d’accepter. Hugues fut donc tiré de fon monaftere
de Oüitham ; mais en fortant il portoit lui-même
fur fon cheval fes peaux de mouton & fes habits
monaftiques ; ne voulant rien relâcher de fon ob-
feryajace avant lepifçopat. Il fut ainfi amené à Londres,
& facré à Oiieftminfter dans la chapelle de
fainte Catherine, le jour de faint Matthieu vingt,
unième de Septembre 1186.
Hugues étoit né en Bourgogne d’une famille
vu*'. 1: noble ; fon perc brave & vertueux chevalier aïant
perdu fa femme, l’offrit à Dieu dès l’âge de hirit
L I V R E S O I X A N T E - Q U A T O R Z I E ’ m E.
ans, le mettant dans un monaftere de chanoines
réguliers qui ètoir proche de fon château, où il fe
retira uifuite lui-même, & y fervit Dieu le refte
de fes jours. On mit d’abord le jeune Hugues fous
la conduite d’un fage vieillardsqui l’inftruifant des
bonnes lettres formoit auffi fes moeurs, l’accoutumant
dès-lors à une vie férieufe. Il fut ordonné
diacre à lage de dix-neuf ans , & quelque temps
après on lui donna le gouvernement d’une paroif-
fe , quoiqu’il ne fut pas encore prêtre. Son prieur
allant par dévotion à la grande Chartreufe le mena
avec lui ; & le jeune religieux fut tellement touché
de la vie de ces faints folitaires, qu’il conçut
un défir ardent d’être admis en leur- compagnie ,
commença a les en iolliciter iecrerement. Il retourna
toutefois avec fon prieur ; & les chanoines
fes confrères aïant appris fon deffein , le pref-
ferent tellement qu’il leur promit par ferment de
ne les point quitter. Mais il ne put réiîfter à l’attrait
d’une vie plus parfaite ; il s’enfuit fecrete-
ment, & vint à la Chartreufe, où il fut reçû & fes
fcrupules s’appaiferent. Cette fainte maifon étoit
alors gouvernée par Bafile fon huitième prieur fuc-
ceffeur de S. Anthelme. Le temps étant venu d’ordonner
Hugues prêtre, l’ancien qu’il fervoit lui
demanda s’il le vouloit. Il répondit avec implicite
, qu’il n’y avoit rien en cette vie qu’il deiîrât davantage.
Et comment, dit le vieillard, ofez-vous
defirer ce que les plus parfaits même ne reçoivent
que lorfqu’ils y font contraints î Hugues époai
vancé de ce reproche , fe profterna à terre de tout
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