
AN.I l 6o .
Matth. y. io.
tue, VI. ljt.
114 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
déclarerentqu’ils déteftoient le batême,l’euchariiHg
& le mariage, & ne comptoient pour rien l'autorité
de l’églife. Comme on lespreffoit parles paffa-
ges de l’écriture , ils répondirent qu’ils croïoient
ce qu’on leur avoit apris, 8e ne vouloient point disputer
fur la foi. Usfe moquèrent des exhortations
8e des menaces, difant : Heureux ceux qui fouffrent
perfécution pour lajuftice.
Alors les évêques craignant que cette erreur ne
fit du progrès , les déclarèrent heretiques , & les
abandonnèrent au prince, pour les punir corpo-
rellement. Le roi ordonna qu’on les marquât au
front, 8equ’après les avoir fuftigez publiquement
on les chaifât de la ville : défendant étroitement
que peribnne ne les logeât ni ne leur donnât aucune
afïîftance. Leur fentence aïant été prononcée
ils coururent gaiement au fuplice, leur maître
marchant à la tête ôe chantant : Vous ferez heureux
quand les hommes vous haïront. Une femme
Angloife, la feule qu’ils avoient feduite, les quitta
par la crainte dufupplice 8c rentra dans le fein
de l’églife. On les marqua tous au front d’un fer
chaud, afin qu’ils fuffent connus pour heretiques;
8c on marqua de plus au menton leur doéteur. En-
fuite onleur déchiraleurs habits jufquesâlaceintu-
r e , on les foüetta rudement 8c on les chaffa de la
ville. Comme c’étoit l’hiver 8c que perfonneneleur
donnoit le moindre foulagement, ils-perirentmi-
ferablement parla rigueur du froid. Cette feveritc
garantit l’ A ngletcrre de ces heretiques, qui étoient
des Manichéens, comme il eit aifé de remarquer^
L i v r e S o i x a n t e D i x î b ’ mb.' t t j
En Orient le légat du pape Innocent nommé . r * ■ **
Jean prêtre cardinal du titre de S. Jean 8c S. Paul
arriva à Biblus ou Giblet, avec quelques Génois Alexandre revers
la fin de l’an n 59. Pour avoir la permiffion ™“uuen p»ki:,
d’entrer dans le roïaumede Jerufalem en qualité GK.35rr.xvm.
de lé g a t , il fit fonder auparavant l’efprit du roi to. x. cons, p,
Baudouin 8c des autres feigneurs, tant ecclefiafli- l4°î-
ques que feculiers. Après une grande délibération
on lui manda de demeurer, 8c ne pas entreprendre
d’encrer dans le roïaume : jufques à ce qu’on
luifîtfavoir par l’avis commun des prélats 8c des ,
feigneurs ce qu’il devoit faire. Cependant on
convoqua un concile à Nazareth où fe trouvèrent
Amauri patriarche de Jerufalem avec les autres
prélats, 8c le roi avec quelques feigneurs. Les avis
furent partagez : car quôique les prélats Latins
d’Orient ne fe fuifent encore déclarez pour aucun
des deux papes, 'jls ne laiffoient pas en fecret de fa-
vorifer l’un oul’aùtre. Dans Je concile donc les uns
difoient qu’il falloitieeonOoître Alexandre 8c recevoir
fon légat, 8c Pierre archevêque de Ty r étoit à
leur tête : les autres préferoient Viétor, difant qu’il
âvoit toujours été ami 8c proceéteur du roïaume de
Jerufalem , 8c ne vouloient point abfolument que
le légat fût reçû. 1
Le roi prenoit un avis moïenavec les feigneurs
8c quelques prélats ; 8c de peur de faire un fchif-
me dans l’églife d’Orient, ilpropofoit de ne prendre
parti ni pour l’un ni pour l’autre. D ’accorder
aulégat laliberté devifiter les lieux faints comme
pelerin, fans marques de légation; 8c de demeurer
Pij