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¿ 7 0 H i s t o i r e E c c l e s i à s t i Qt f 2^
f f i 7’ 8c ne laiflent ni droics ni privilèges à l’églife; qu'au?
tant qu’il leur plaît. En vain nous propofe-t-on les
exemples des Siciliens ou des Hongrois, qui ne nous
excuieront pas au jugement de Dieu.
Mais trois jours après aïant reçu le mandement
des légats qui fufpendoitfes pouvoirs , il écrivit an
pape une autre lettre où il dit : Nous fommes devenus
la rifée de nosvoifins par l'autorité de vos légats*
qui n’ont gardé aucune mefure avec nous. Pourquoi,
Seigneur, avez-vous donné la légation à un
homme, dont l’entrée vous devoir faire juger de
i iiTuë de facommiffion? qui dès le commencement:
n’a fongé qu’à faire fa cour aux princes aux dépens
de la dignité de l’églife 8c de la vQtre. C ’eft Guillau--
me de Pavie dont il parle.
En même-tems Thomas écrivit à tous les cardia
naux encore plus fortement, leur difant entre au-;
très chofes : En quelle confcience pouvez-vous difo
fimuler l’inj ure faite à J. C . en ma perfonne, ou pliât—;
tôt à vous qui devez tenir en terre la place de J. C î
feignez-vous d’ignorer que le roi d’Angleterre ufur-%
pe tous les jours les biens de l’ég life , 8C détruit fa
liberté ? Il étend les mains lur tout le clergé fans
diftinôtion, emprifonnant les uns, mutilant les
autres, leur arrachant les yeux, les contraignant
au du el, ou à l’épreuve du feu ou de l’eau.Il empêche
les évêques d’obéïr à leur métropolitain les moin^
dres clercs à leurs prélats 5 Sc ceux qui font excom-;
muniez légitimement, de ie tenir pour tels. Enfin il
veut ôter à l’églife toute fa liberté, à l’exemple de ce
grand fchifmatique vôtre perieçuteur. C ’eft i’em»
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L i v r e S o ï x a n t e - o n Z i e ’ m®. z y i
jpêreur Frideric. Si notre roi fait tout cela impunément,
que feront fes fuccefleurs ? Que fouf-
friront les vôtres ? Prenez- garde que les maux croif-
fent tous les jou rs , aufli-bien que les occafions
Sc les artifices pour les faire. N e vous fiez ni à
la faveur des princes, ni aux richeiTes périifables;
faites-vous un tréfor dans le c ie l, en fecourant
les opprimez. Autrement, que Dieu nous juge
vous 8c moi &c tous les compagnons de mon e x il,
qu’il vous demande compte du fang de ceux qui
font morts pour ma caufe,8c qu’il venge votre diffi-
mulation 8c vos injuftices. Bon Dieu ! quelle
Vigueur peut-on déformais efperer dans les membres,
fi elle manque dans le chef. On dit déjà
hautement par to u t , qu’on ne fait point juftice
à Rome des puiflans. Cette diifimulation , fi vous
n’y prenez garde, infeétera tous les rois : le nôtre
eft déjà venu au point de fiiivre les Siciliens ,
ou plutôt de les précéder. Le clergé dAngleter-
re s’emprefle de venir à fa cour de toutes parts:
les prêtres deviennent eourtifans, & fous ce prétexte
s’engagent au roi par ferment, afin qu’il obtienne
plus aifément dans fon roïaume les droits
qu’il y rétablit à fa volonté. Et enfuite : Groïez-moi
donc, reprenez vos forces, emploïez le glaive de
S. Pierre 8c vangez l’injure d eJ .C . fans épargner
perfonne: c’eft-là le grand chemin qui mene à la
Vie. L’églife ne doit pas être gouvernée par la
diflimulation 8c par l’artifice , mais par la juft'ice
8c la vérité.
Le pape avoit promis d’abfoudre ceux que Tho*
An.i 167,