
44 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
avoir oflFenfé en rien ; 8c qu’au contraire, nous vous
A n. i l 57. avons toûjours aimé comme notre cher fils 8c corn
me prince très-chrétien. Vous devez vous remettre
devant les yeux combien lafainte égliie Romaine
Votre mere vous reçût agréablement l’autre année»,
& comme elle vous contera de bon coeur la couronne
impériale. Ce n’eft pas que nous nous repentions
d’avoir en tout rempli vos défirs : au contraire
iî vous aviez reçu de notre main de plus grands
bénéfices, nous nous en réjouirons en confidera-
tion des biens que vous pouvez procurer à l’églile
& à nous. Nous craignons donc que quelques gens
mal intentionnez ne vous ayent infpiré de l’aver-
iïon contre nous, il conclut en lui recommandant
les légats.
Cette lettre ayant été lue 8t fîdelement expliquée
par Reinald chancelier de l’empereur, en faveur de
ceux qui n’entendoient pas le latin: les feigneurs
qui étoient prelens en furent violemment indignez
parce qu’elle paroifloit pleine d’aigreur 8c menacer
de quelque grand mal. Mais ils furent principalement
choquez de ce que le pape difoit , qu il
avoit conféré à l’empereur la couronneimperiale,,
ôc qu’il ne fe repentiroit pas de lui avoir donné de
plus grands bénéfices. Ce qui les portoit à prendre
ces expreffions à la rigueur, c’eft qu’ils favoient
que quelques Romains ibûtenoient que les rois
d’Allemagne n’avoient poffedé jufques-là l’empire
de Rome 8c le royaume d’Italie , que par la
donation des papes; 8c qu'ils vouloient tranfmet-
treàla poilerité cette créance, non feulement par
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les paroles & les écrits, mais encore par les pein- ^
tures, comme ils avoient fait à l’égard de l’empereur
Lothaire, le reprefentant dans le palais de La-'
tran , qui recevoit àgenoux la couronne de la main
du pape, avec une infeription en ces termes : Le roi
s’arrête à la porte, 8c après avoir juré les droits de
Rome il devint vaiTal du pape» de qui il recevoir
la couronne.
Q_und l’empereur Frid'errc vint à Rome en 115 5-'
il ie plaignit de cette peinture 8c de cette infeription
, 8c le pape Adrien lui avoit promis de la faire
effacer: ce qui n’avoit pas été exécuté. Tout cela
donc joint à la leéture de ta lettre ayant excité
un grand bruit parmi les feigneurs Allemans : on
ditqu’un des légats les irrita encore plus en difantr
De qui donc tient-il l’empire s’il ne le tient pas du
pape ? 8c qu’Otton comte Palatin de Bavière tira
prefque fon épée, menaçant de lui couper la tête.
L’empereur arrêtais tumultepar fon autorité S
mais il fit mener les légats à leur logis avec efeor-
te » 8c leur ordonna de partir le lendemain degrand
matin Sc de retourner droit à Rome, fans s’arrêter
nullep3rt dans les terres des évêques ou des abbez.
Cependant il envoya une lettre par tous; fes états
où il fe plaignoit que le pape vouloir altérer l’union
entre l’empire 8c le facerdoce ; & après avoir raconté
ce qui s’étoit paffé à Befançon , il-ajoûtoit
parlant des légats : On les a trouvez faifis de plusieurs
lettres lcellées en blanc , pour y écrire ce
qu’ils voudroient, 8c s’en fervir fuivant leur coû-
tume à dépouiller, les églifes d’Allemagne, 8c en<-