
6 i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
^ |r. Cependant 1 archeveque de Roiien envoïa des
députez à R om e , qui l’année fuivante 1191. lui
H i y S. écrivirent en ces termes : Nous ne parlons point
p. Mf* ■ des périls & des fatigues du voïage, & de ce qu’après
avoir évité pluiieurs embûches, nous avons
enfin rencontré des voleurs, qui nous ont tout ôté
-hors nos chevaux & nos lettres jainfî nous fommes
arrivez fans argent en cette ville où la dépenfe
eft grande. C ’étoit le onzième de Février, & la
cour logeoit à faint Pierre. Nous y trouvâmes les
députez du chancelier, qui fe vantoient fo rt, Si
paroifïoient bien en leurs affaires ; car ils fe prépa-
roient à partir , après avoir fait confirmer fa légation
dont les bulles éroient déjà fcellées. Nous trouvâmes
le pape & ceux qui ont le plus de part à fa
confiance tout à fait penchans du côté du chancelier
> toutefois à notre arrivée les bulles furent retenues.
Aïant obtenu audience, nous rapportâmes devant
le pape & tous les cardinaux vos lettres avec celles
des évêques, des autres prélats Si des jufticiers
d’Angleterre, y ajoutant ce que nous crûmes convenables
à vos intentions. Les députez de l’évêque
d’Eli aïant propofé leurs réponfes & leurs objections,
le pape parla long-temps avec indignation &r
amertume contre votre caufe, & dit : Nous fçavons
que le roi d Angleterre a laide le gouvernement
de tout fon roi a urne al eveque d’Eli, fans lui donner
de fuperieur ni d’égal. Nous en avons vû les
lettres du roi, & nous n’en avons point vû qui lésaient
révoquées. Il eft vrai que pluiieurs perfonnes
L i v r e s o i x a n t e -q u a t o r z i e ’m e .
venerables nous écrivent contre le chancelier,
mais nous avons auffi reçû en fa faveur des lettres de
pluiieurs perfonnes confiderables. Celles que vous
apportez font de ceux qui l’ont chaiîé, & nous ne
nous étonnons pas qu’ils écrivent pour eux-mêmes.
Nous fçavons que le roi n’a jamais témoigné à personne
tant d amitié, ni fait tantd’honneur qu’à cet
évêque. Non content de lui avoir donné le très-
riche eveche d Eh, la chancellerie Si la regence
de fon roiaume ; il a encore demandé pour lui
la légation au pape Clement de bonne mémoire Si
a nous ; Si nous l’avons accordée à fes inftantes
follicitations. Nous ne pouvons croire fans voir fes
lettres & fon fceau, qu il ait fi promptement ôté fes
bonnes grâces a un homme qu’il a tant aimé ;&
nous ne pouvons fans nous démentir nous-mêmes
fufpendte ni révoquer la légation de l’évêque d’Eli
accoroee a la priere du roi Si de tous les évêques
d Angleterre ; nous en avons les lettres & même
de votre maître l’archevêque de Roüen. Tous écri-
voient pour lui quand il étoit en profperité , aucune
eglife alors1, aucun monaitere , aucun particulier
ne fe plaignoit a nous qu’il fie aucune exaction
; à prefent qu’il eft malheureux tout le monde
crie contre lui.
Ces raifons ne pouvoient être que d’un grand
poids , étant propofées par celui qui n’a point de
fuperieur , qui eft le pontife Si le juge fouverain ,
a la volonté duquel perfonne ne refîfte. Quelques-
uns trouvoienc encore fort contre vous, la priere
que le roi a faite au pape en revenant, de vous don-
A N.