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** droit tout le monde eft fournis. Nous fommes vc-
A n .i 164. nus vous 0 ffrir la dévotion 8c l’affeôtion d notre
roi pour vous : il a choiii pour cet effet tout ce
qu’il y a de plus grand dans fonroïaurne; Sc vous
avez déjà , Saint pere , éprouvé la fidélité du roi au
commencement de votre promotion. Nous ne
croïons pas qu’il y ait dans la chrétienté un prince
plus religieux 8c plus propre à conferver la paix en
ce qui le regarde. L’archevêque de Cantorberi eft
auifi de fon côté fage Sc difcret, mais quelques-
uns le trouvèrent trop fubtilejôt fans la divifion qui
eft furvenue entre leroiSc lui,nous ferions heureux
fous un fi bon prince 8c un fi bon pafteur. C’eft
pourquoi nous vous iupplions de vous appliquera
y rétablir la paix. Le comte parla ainfi en fa langue,
8c tousloüerent fa modeftie 8c fa diicretion.
Le pape déjà inftruit d’ailleurs de la caufe du
différend , déclara aux envoyez du r o i , qu’il ne
pouvoit rien ordonner fur cette affaire en l’abfence
de l’archevêque de Cantorberi : mais ils refufoient
de l’attendre, difant qu’ils n’oloient demeurer à la
cour du pape au-delà du terme prefcrit par le roi;
ôc ils preffoientle pape de nommer un légat, pour
juger l’affaire en Angleterre. Le pape étoit fort
embarraffé : il voyoit un roi jeune 8c puiffant, 8c
craignoic s’il étoit refufé, qu’il n’embraffât le fchifi
me: de quoi auifi les envoyez le menaçoient, particulièrement
les laïques D ’ailleurs il ne pouvoit fe
réfoudre à renvoyer l’arehevêque dansun païsoùil
étoit regardé comme un ennemi public , 8c d’où il
étoit forti comme par miracle : il lui fembloic que
L i v r e S o i x a n t e -o n z i e ’ m e . 195
c’étoit l’envoyer enprifon combattre contre fon ' :
geôlier. Les cardinaux augmentoient fon embar- ! IÛ4 -
ras : car la plupart accoutumez à la complaifance
pour les princes, vouloient qu’on accordât au
roi ce qu’il demandoit. Enfin le pape tint ferme à
ne rien ordonner, au préjudice de l’archevêque en
fon abfence; 8c les envoyez du roi ne voulant pas
l’attendre, s’en retournerenc en Angleterre, fans
avoir reçu la benediêtion du pape. Ils feprefferenc
même de fortir de France, où ils ne fe trouvoienc
pas en fùreté; tant parce que l’on croyoic qu’ils
portoient beaucoup d’argen t, que parce que tout
le monde étoit favorable à l’archevêque. Le pape Ilf?. 4„
de fon côté cafta lafentence donnée à Norcam-
pton contre lui par les évêques 8c les barons d’A n gleterre.
Cependant Thomas partit de S. Bertin accom- xiii.
pagné de l’abbé 8c Milon évêque de T heroüane, if1p°pa.s‘kvaaC
qui le conduifirentà Soiffons. Le roi Loüis y arriva
le lendemain, 8c apprenant que l’archevêque
étoit dans la ville, il alla defcendre de cheval à
fon logis Sc le vifitale premier. Il lui témoigna là
joye qu’il fentoit de le recevoir en fon royaume ,
lui promit fureté , 8c l’obligea à recevoir de fa libéralité
tout ce qui lui feroit neceffaire. Thomas
partit quelques jours après, accompagné des officiers
du roi, pour aller à Sens trouver le pape. Il
fut reçu froidement par les cardinaux , mais il ne
laiffa pas d’avoir audience du pape , qui témoigna
compatir beaucoup à fes peines , 8c lui ordonna
d’expliquer le lendemain en préfence des cardi-
Bbrj
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