
A n . 1180,
Chr. Bod. S.
Matth.
S u p t .U v * , L X X I l . »•55*
Sup. liv . xxx.
». jf.
Pr&f edît. Î67I«
P0/?. ep. pet• Cel.&t. 10.
*• ïH7-
Queâion du Dieu
«te Mahomet.
486 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
' même année 1180. le vingt-cinquième d’Oétobre
après avoir tenu ce fiege quatre ans & près de trois
mois ; & fut enterré à l’abbaïe de Jofaphat, près de
Chartres. Outre les deux ouvrages dont j’ai parlé
fçavoir le Policratique & le Metaloguc , il écrivit la
vie de S. Thomas de Cantorberi fon cher maître,
& grand nombre de lettres dont il nous refte plus
de trois cens. On y voit plufieurs particularitez remarquables
des affaires de fon temps, principalement
de celles de faint Thomas.
Son fucceflèur dans le fiege de Chartres fut Pierre
de Celle fon ami particulier. Pierre dans fa première
jeuneife vécut quelque EqmpsàS. Martin defr
champs près de Paris rvers l’an îr jo . il fut abbé de
Mouftier-la-Celie au diocefe de T ro ïe s , dont le
nom lui eft demeuré, quoiqu’il ait été depuis abbé
de S. Remi deReims, où il paffa en 1161. Enfin il
fut élu évêque de Chartres en 1180. & tint ce lu g e
fept ans. Il étoiten grande réputation pour fa doctrine
& pour fa vertu, & en relation avec tout ce'
quil y avoit de plus grand dans l’églife,,comme if
paroît par fes lettres. Depuis qu’il fut abbé defaint
Remi le pape Alexandre I I I . le commit fouvent
pour juge, non feulement en des affaires ecclefia-
ftiques, mais entre les-laïques pour caufe d’ufures,.
ou de protcélion des pupiies ou des croifez ; car
l eglife etoit alors en poffeffion de juger de ces eau-
fes y & par ces exemples on peut eftimer ce qui fe
pafloit dans les autres provinces.
L’empereur Manuel Comnene mourut peu de
jpurs après le roi Louis le jeune. Il écoit tombé ma-
L i v r e s o i x a n t e -t r e i z i e ’m e . 487
îade dès devant le mois de Mars de la même année
n8 o . indi&ion treizième , dans le temps qu’il agitait
une queftion de théologie qui ne fut terminée
que trois mois après. Il y avoit dans le catechifme
des Grecs un anathême contre le Dieu de Mahomet,
qui n’engendre point 8c n’eft point engendré,
mais qui eft difent-ils Hulofpbiros, comme qui di-
roit, lolide &c tout d’une piecescar c’eft ainfi que
les Grecs rendoient le mot Arabe El/emed, qui eft
un des noms de Dieu félon les Mufulmans. L’empereur
Manuel vouloit faire effacer cet anathême
de tous les catéchifmes ; difant que les Mufulmans
qui fe voudroient convertir, étoient fcandaüfez de
voir une malediétion prononcée contre Dieu , de
quelque maniere que ce fût. Pour ce fu jet Manuel
appella le patriarche Théodofe & les évêques les
plus fçavans 8c les plus vertueux qui fe rencontrèrent
à C . P. Sc après un exordemagnifique, il leur
expliqua fa propofition. Tous les prélats la rejette-
rent : aïant même peine à l ’écouter, & lui expliquèrent
charitablement le fens de cet anathême ,
qui ne tombe point fur le vrai Dieu, mais fur le
fantôme que s’eft forgé Mahomet, d’un Dieu qui
n’engendre point : au lieu que les Chrétiens adorent
un Dieu pere.
L’empereur ne laiffa pas de fuivre fon deffein &
publia un écrit où traitant d’ignorans & d’imprù)-
dens les empereurs 8c les prélats précedens§ qui
avoient foufferc cet anathême , i l : apportoit dès
raifons fpecieufes pour l’abolir. Mais le patriarche
fe déclara hautement contre cet écrit,comme con-
A n . 1180.
Nicet. liv . V i l .
p. 141. C.
Ibid.p. 13?.