
210 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
la perfécution : mais il fe trouvera quelqu’un qui
5' reconnoîtra l’antipape 8c recevrade iamainlepal-
lium pour le fiége de Cantorberi : il s’en trouvera
qui lui obéiront pour ufurper nos fiégei. Plufieurs
forment déjà de tels projets, 8c défirent le trouble
pour s’en prévaloir. Ce n’eft pas notre intereftpar—
ticulier qui nous touche, mais le trille renverfe-
ment de l’églife dont nous fommes menacez , 8c
qui nous feroit défirer la mort plutôt que d’en être
fpeélateurs. Ainfi parloir l’évêque de Londres.
Le roi d’Angleterre ou plutôt le même évêque
en fon nom écrivit dans le même fens au collège
des cardinaux. Il repréfente ce qu’il a fait pour le
|| pape Alexandre, 8c que loin de fe faire prier pour
le reconnoître, il lui a attiré les autres. Il fe plaint
que le pape le traite de perfécuteur de l’églife ,
8c prôtefte qu’il ne laiffe pas de vouloir demeurer
dans fon obbéïffance 8c fe conferver fon affeétion,
pourvu qu’il le traite comme les autres papes ont
traité fes prédeceffeurs : enfin il déclare qu’il fe
rapportera toûjours au jugement du clergé 8c des
feigneurs de fon royaume , dont il veut feulement
conferver les droits 8c les anciennes prérogatives.
Le pape avoit auffi écrit aux évêques de l’obéiffan-
ce du roi d’Angleterre de deçà la mer,favoir à l’archevêque
de Rou en, à l’archevêque de Bourdeaux
& à leurs fuffragans, fe plaignant de ce que leur roi
avoit communiqué avec Reinold archevêque de
Cologne, 8c envoyé des députez à l’empereur Fri-
deric. Sur quoi Rotrou archevêque de Roüen écri-
L i v RB S o i x a n t e -o rç z i e ’m e . 211
vit en ces termes à Henri prêtre cardinal : Nous ^ J-
répondons avec toute affurance pour le roi d’An- * 11 î*
gleterre, qu’il n’a fait à l’empereur aucun ferment I01’
ni aucune promeffe par lui ni par fes envoïez ,
d’adherer à l’antipape. Au contraire nous fommes
certains que dans ce traité de mariage , quelque
inftance que fiffent les Allemans pendant trois
jours, il n’a jamais voulu rien accorder, qu’après
avoir mis pour première condition fa fidélité envers
l’églife 8c le roi de France. Ainfi Rotrou défa-
vouë par avance les envoïez d'Angleterre à l’empereur,
qui n'étoient pas encore revenus. Ce traité
de mariage étoit entre Henri le Lion duc de Saxe,
8c Mathilde fille aînée du roi d’Angleterre.
Le pape aïant reçû la réponfe de i’évêque de
Londres en parut fatisfaitt, 8c le remercia du foin
qu’il prenoit d’entretenir fon roi dans l’attache- It
ment à l’églife: le priant d’y travailler déplus en
plus avec l’archevêque de Roüen , l’évêque d’Herford
8c l’imperatrice Mathilde. La lettre eft dattée
du vingt-deuxième d’Août 1 1 6y 8c du lieu nommé
alors le Gras de Mercure, quiétoit une embou- Gr*
chure du Rhône près de Maguelone.
Car le pape continuant toûjours fon voïage Retour du pa*
paffa de Clermont au Pui en Auvergne , puis à à
Montpellier, où il demeura jufques à laN. Dame ' B .
d’Août. De-là il écrivit au roi de France, pour le to. x conc» p»
prier que fi quelque évêché ou quelque abbaïe 133 £’ 71‘
venoit à vaquer dans fon roïaume, il en fit pourvoir
Thomas de Cantorberi: pour le fairefubfifter
lui 8c les fiens, en attendant qu’il fit fa paix avecc
D d ij