
■ 1 3 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t q u e . A n. 1166. pemk j' cette nujt q Ue j’étois dans uneéglife,oùje
foûtenois la caufe de la religion contre le roi
d’Angleterre, devant le pape ôc les cardinaux,le
pape m’étoit favorable ôc les cardinaux contraires,
quand tout d’un coup font venus quatre chevaliers,
qui m’aïant tiré de l’auditoire fansfortirde
l’églife , m’ont écorché le haut de la tête , à l'endroit
de ma couronne, ce qui m’a fait une telle
douleur, que j’ai crû tomber en défaillance. Ce
n ’eft pas toutefois une telle mort qui m’afflige , au
contraire je rends grâces à Dieu : c’eftce qu’auront
à fouffrir ceux qui m’ont fuivi. Il raconta cette même
vifion fous le même fecret à l’abbé de Vaului-
fant; & les deux abbez la racontèrent de même
après fa mort.
I *’■ Thomas étant arrivé à Sens y fut reçu avec ho-
neur 8c joie , par Hugues qui en étoit archevêque „
Sç par le clergé & le peuple ; il logea au monaftere
de faint Colombe ôc y demeura quatre a n s , étant
défraie libéralement aux dépens du roi Loüis; ôc
quand ce prince venoit à Sens, après avoir été à
l’églife, il alloit voir l’archevéque avec lequel il
avoit de longues conver fations v 8c prenoit ion con-
feH fur les matières les plus importantes, comme1
d’un homme exercé dans les. affaires d’état» ,
xxxr. * Peu j°Urs après que l’archevêque Thomas fut
Négociation arriv é à Sens, fes députez revinrent de R om e, &c <lc Jean d’O x - # t A - ,
f o i d à Rome* lui apprirent que deux cardinaux viendraient în-
ceffamment pour négocier fa paix. Jean d’Oxford
que le roi d'Angleterre y avoit envoïé, revint auf-
fi , publiant fierement que les légats Yenoient pour
L i v r e S o i x a n t è - o n z i e ’ m e . A î T i i ^ J la gloire du roi ôc la confufion de l’archevêque.
Ce qui eft vrai, c’eft que Jean d’Oxford étant arrivé
à Rome emploïa l’o r , dont le roi d’Angleterre
l’avoit chargé à gagner les cardinaux , ôc réiiffit
auprès de plufieurs , comme s’en plaignoient depuis
S. Thomas ôc Jean évêque de Poitiers ,q u i dit que "• *?• 31,
l’o n 1 nommoit chez le roi les cardinaux qui n ’a-
Voient point reçu de cetor, ôc ceux qui en avoient
reçû plus ou moins. Entre ceux qui le refuferent
furent les cardinaux Humbaud Ôc H y acin th e,
comme il paraît par la lettre que S. Thomas leur
en écrivit. Après les cardinaux Jean d’Oxford
s’appliqua à furprendre le pape Alexandre, il lui
d it, que l’on pouvoit faire la paix entre le roi ôc i-
l’archevêque, fi quelqu’un y cravailloit fidellement >
ôc promit de s’y appliquer de tout fon pouvoir. Il 11 1Q1”
affura par ferment que dans l’affemblée de Virf*
bourg il n’avoit rien, fait contre la foi de l’églife,
l’honeur ni l’intérêt du pape. Puis il prefenta une
lettre du roi d’Angleterre, où il prioit le pape'de
croire en tout ce député comme lui-même j ôcen
vertu de ce pouvoir il remit au jugement du pape
le différent entre le roi Sc l’archevêque touchant
les coutumes d’Angleterre :enforte qu’il dé-
pendoit de lui de les foûtenir ou les fairetomber,
ôc qu’il prefcriroit les conditions de la paix avec
l’archevêque. Ce qu’il confirma encore par ferment,
ôc obtint ainfi que le pape envoïeroit des légats
pour cet effet. Quant à ce quileregardoiten particulier,
npn-feulement il obtint l’abfolücion de
de l'excommunication prononcée contre lui par l’ar-
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