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pervaf. f , 15 $||
5 7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
publia des excommunications contre ceux qui ne
païeroient pas cette decime ; pour en faire la colle&e
en chaque paroiifeon établit des commilfaires, entre
lefquels étoient un Templier & un Hofpitalier,
un fergent du roi Siun clercde l’évêque.Les croifez
étoienc exempts de cette decime ôe reçevoient celle
de leurs vaffaux ; mais les bourgeois & les païfans
qui fe croifoient fans la permiffion de leurs feigneurs
ne païoient pas moins la décime.
On défendit les juremens énormes, les dez ou
autres jeux de hazard, les fourrures de verd,de petit
grisou de marteszebelines, l’écarlace & les habits
découpez ; de fe faire fervir à table plus de deux
mets achetez, & de mener en voyage des femmes ,
iinon quelques lavandières à pied, hors de foupçon,
Celui qui avant de fe croifer a engagé fes revenus ,
ne biffera pas de jouir du revenu de cette année >
& la perte ne portera point d’intérêt pendant tout
le voyage depuis la croix prife.Tous les çroifez peuvent
engager pour trois ans lçurs revenus, même
ecclefîaftiques. Ceux qui mourront dans le voyage
difpoferont de l’argent qu’ils auront avec eux pour
leurs domeftiques , pour le fecours de la terre fainte
&-pour les pauvres. C ’eft l’ordonnancexjuele roi
d’Angleterre fit au Mans de l’avis des prélats & des;
feigneurs.
Après avoir établi les commiffaires pour recevoir
la decime deçà la mer , il paffa en Angleterre
où il arriva le trentième de Janvier, & l’onzié-
mede Février il tint iGaintingon près Norchamp-
ton une grande affemblée de prélats de des fei?
L i v r e s o i x a n t e q u a t o r z i e ’ m e . 57 ;
gneurs , où il fit lire l'ordonnance faite aux Mans :
enfuite Baudoiiin archevêque de Gantorberi &
Gilbert évêque de Rocheftre fon vicaire , prêchèrent
la croifade, & plusieurs fe crôiferent. Alors le
roi envoya fes officiers par tous les comcezpour lever
la decime; ce qui fut exécuté avec rigueilr à l ’égard
des bourgeois, jufques à emprifonner ceux
qui refiftoient. On leva même fur les Juifs; ôc le roi
arnaffa parce moyen des fommes immenfes. Il envoya
Hugues évêque de Durham pour faire la même
levee en EcoiTe , dont le roi offrit pour s’en
racheter cinq mille marcs d’argent ; mais le roi
d’Angleterrenes’en contenta pas.
Le roi de France Philippe de fon côté tint à Paris
une grande affemblée des prélats & des feigneurs de
fon royaume le dimanche de la mi-Carême , qui
cette année 1188.futle vingt-feptiémedeMars, On
y fittme ordonnance femblableà celledu roi d’A ngleterre
, portant que tous ceux qui n’étoienc pas-
croifez ,donneroienc cette année au moins la dîme
de tous leurs meubles & de tous leurs revenus; excepté
les trois ordres de Cîteaux , des Chartreux &
de Fontevraud , & les Lepreux. On accorde aux
croifez un répit pour le paiement de leurs dettes
en donnant les furetez qui font fpecifiées. La decime
fe lèvera avant les dettes. On nomma cette
Subvention la decime Saladine.
Pierre de Blois écrivit fur ce fujet à Henri de
Dreux évêque d’Orleans, coufin germain du roi
Philippe Augufte , l’exhortant à remontrer a ce
prince,que les ecclelîaitiques deyoient être exempts5
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Rigord. p. f».' to}Ê
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