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Radev. p. y.6 3..
58 H i s t o i r e E c c l e si a s t i q u e .
■ la fuite mettant toi au lieu de vous,car l’ufage écort
A n. 1159. depuis long-tems dénommer au plurierpar
honneur celui a qui on parle. Or l’empereur di~
foit que le pape en lui écrivant devoit luivre l'u-
fage de fes prédeceiTeurs, ou qu’il devoit lui-même
obferver le ftile des anciens empereurs.
Le pape répondit à la lettre de l’empereur, fe
plaignant qu’ilmanquoit 8c au relpeét qu’il lui devoit
& à la foi qu’il lui avoit jurée, en fe faifant
rendre hommage par les évêques,& défendant aux
légats dufaintïlége Centrée non-feulement desé-
glifes , mais des villes de fon royaume, llconcluoic
en le menaçant de la perte de fa couronne , s’il ne
devenoit plus fage. L’empereur répliqua encore:
plus”fierement , foutenant qu’il ne tenoitfa couronne
que de les prédeceiTeurs, & il ajouta: Du
tems de Conftantin S. Silveftre avoit-il quelque
part à la dignité royale ? C ’eft ce prince qui a rendu
à l’églife la liberté 8c la paix ; Sc tout ce que
vous avez comme pape vient de la libéralité des
empereurs. Lifez les hiftoires vous y trouverez ce
que nous difons. Et pourquoi n’éxigerons nous
pas l’hommage de ceux qui poifedent nos regales,
puifque celui qui n’avoit rien reçu des hommes
paya le tribut à Cefar pour lui 8c pour S. Pierre i
Qu’ils nous laiffent donc nos regales, ou s’ils ju gent
qu’elles leur font utiles, qu’ils rendent à
Dieu ce qui eft à Dieu , 8c à Cefar ce qui eft à
Cefar. Nos églifes 8c vos villes font fermées à vos
cardinaux , parce que nous ne croyons pas qu’ils
viennent prêcher l’évangile & affermir la paix ,
M d t t f i . x y i
ïà.
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’ me . 59
mais piller 8c amaffer de l’or & de l’argent avec
une avidité infatiable. Quand nous les verrons tels
que l’églife défire, nous ne leur refuferons ças le
falaire 8c la fubfiftance.Vous bleffez l'humilité 8c la
douceur en propofant aux feculiers cesqueftions
peu utiles à la religion : car nous ne pouvons nous
difpenferde répondre à ce qu’on nous d i t , quand
nous voyons que l’orgueil, cette bête deteftable,
s’eft gliffée j ufques à la cHair de faint Pierre. Ce que
l ’empereur dit ici que le pape tient tout ce qu il a
de la libéralité des princes , ne fe rapporte qu’au
temporel, comme la fuite du difcours le fait affez
voir ; 8c fuppofe toujours la prétendue donation
de Conftantin.
Les efprits s’échaufoient de plus en plus ; & l ’on
prétendoit même avoir intercepté des lettres du
pape, par lefquelles il excitoit à la révolte Milan
Sc quelques autres villes» Alors Henri Cardinal du
titre de faint Nerée qui avoit été à Aulbourg un
des médiateurs de la paix entre le pape Sc l’empereur,
écrivit à Eberard évêque de Bamberg , qui
avoit travaillé avec lui à ce traité en la même qualité,
pour l’exhorter à combatre par fes confeils
pour l’honneur 6c la liberté de l’églife. Car, ajoûte-
t - i l , tant que les affaires feront gouvernées par des
leigneurs laïques, qui ne lavent ni les canons ni
les réglés de la religion | la paix ne pourra s’affermir.
L’évêque de Bamberg répondit , qu’il étoit
fenfiblement affligé de ce commencement de di-
viiion : toutefois il exeufe l’empereur ; foûtient
que le mal vient de ce que perfonne ne peut fai-
Hij
A n. 1159.
Sup.n. i j .
R od ev .u .c .