
4 3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fortied’Italie; & nous ne prétendons point lafer-
5 7 - mer aux pellerins, ni aux autres qui vont à Rome
pour des caufes raifonnables , avec le témoignage
de leurs évêques ou de leurs fuperieurs. Mais nous
prétendons nous oppofer aux abus , par lefquels
toutes les églifes de notre royaume font iurchar-
gées 6c atténuées , tk la difeipline des cloîtres pref-
que décruite.. Dieus’eftfervi de l’empire pour mettre
l'églife à la tête de l’univers; 6c l’églife veut à
préfent détruire l’empire : ce que nous ne croyons
pas qui vienne de Dieu. On a commencé par une
peinture, on y ajoute l’écriture : nous ne le fouffri-,
tons pas.nous quitterons plûtôc la couronne. Q u’on
eiFace les peintures Sc qu’on retraéle les écrits
afin qu’il ne refte pas des monumens éternels d’i-,
nimitié entre le royaume 6c le facerdoce.
Après ce difeours de l’empereur, les évêques
viennent à la fatisfaétion que le pape demandoit du
comte Palatin de Bavière 6c du chancelier Rainald,
& ils difent : le comte Palatin eft abfent, 6c le chancelier
ne nous a rien dit qui ne tende à la paix: foû-
tenant qu’il a défendu de tout fon pouvoir les légats
contre le peuple, qui en vouloir à leur vie; 6C
tous ceux qui étoient préfens en rendent témoignage.
Au refte nous fupplions votre fainteté d’ap-
paifer l’empereur par des écrits qui adouciffent les
premiers: afin que l’églife foit tranquille fans que
l’empire perde rien de fa dignité.
Cependant l’empereur Frideric réfolu de retourap
pa iic r ■ l \ \ /•
ner en Italie campa près d’Auibourgou les troupes
fJ! s’aiTembloient , & envoïa devant Reinald ion
chancelier
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’me. 4 9
I chancelier &Ot ton comte Palatin de Bavière, qui *
s’avancèrent en Lombardie, faifant par tout re- An
connoître l’empereur. Ce que le pape aïant appris
il envoya à ce prince deux nouveaux légats, Henry
prêtre cardinal du titredeS. Nerée, & Hyacinthe
diacre cardinal de fainte Marie en l'écolegreque ,
hommesprudens 6c plus propres que les premiers
au maniement des affaires, ils vinrent trouver à
Modene les envoyez de l’empereur aufquels ils fe
préfenterent avec humilité ; 6c après qu ils eurent
expofé le fujet de leur légation , qui étoit de procurer
la paix & l’honneur de l’empire, on les laiffa
paffer. Etant arrivé à Trente ils prirent avec eux
l’évêque pour plus grande fureté : car comme on
favoit que l'empereur n’étoit pas content du pape,
plufieurs vouloient prendre ce prétexte pour piller
|. les légats au paffagedes montagnes. En effet deux
comtes puiffants en ces quartiers-là prirent les
cardinaux 6c l’évêque, les dépouillèrent 6c les mirent
aux fers , jufques à ce qu’un noble Romain
frereducardinalHyacintelesdelivra en ferendant
en otage. Mais Henry duc de Bavière 6c de Saxe ,
vengea peu de tems après cette violence.
Les légats étant donc arrivez au camp de l’em- *• “ •
pereur près d’Auibourg , furent admis à ion au-
diance ; 6c après l’avoir falué refpeétueufement de
la part du pape & des cardinaux , comme feigneur
6c empereur de Rome 6c du monde : ils lui témoignèrent
le déplaifir que fentoitle paped avoir
encouru fon indignation, quoi qu’il ne crut pas
l’avoir méritée ; & prefenterent une lettre qui fut
Tome XLr. G