
i 84 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
tre différend à votre difcretion fauf lhonneur de
Dieu. A ces derniers mots le roi d’Angleterre s’emporta
contre l’ archevêque j lui dit des injures & lui
fit de grands reproches : le traitant de iuperbe ôc
d 'n g r a t , qui lorfqu’il étoit chancelier étoit capa-1
ble de lui ôter la couronne. L’archevêque l’écouta
en patience, 8c lui répondit avec tant de modération
que les aihftans enétoient concens. Mais le roi
d’Angleterre l’interrompit, & dit au roi de France:
Seigneur, écoutez , s’il vous plaift. Tout ce qui lui
déplaira, il dira qu’il eft contraire à l’honneur de
Dieu, 8c ainfi il s’attribuera tous fes droits 8c les
miens. Mais pour montrer que jeneveuxen rien
m’opofer à l’honneur de Dieu , voici cèque je lui
offre.il y aeu devant moi plufieurs rois en Angleter-,
re plus ou moins puiflans queje ne fuis; il y aeu a-
vant lui plufieurs grands 8cfaintsperfonnages ar-:
chevêques de Cantorberi. Q u ’il m’accorde ce que
le plus grand 8c le plus faint de íes predeceifeursa
accordé au moindre des miens, 8c je fuis content.
On s’écria de tous cotez: Le roi s’humilie affezi
£ i comme Thomas ne difoit m o t , le roi de France
lui dit avec quelqueémotion-.Seigneur archevêque
voulez-vous être meilleur ou plusfagequelesfaints?
que craignez-vous ? voilà la paix à la porte. L’archevêque
répondit: Il eft vrai que mes predeceffeurs
valoient mieux que moi . chacun d’eux a retranché
en fon tems quelques abus : mais non pas tous ; ils
mous enont laiffé à retrancher pour avoir part à leur
gloire. Quefi quelqu’un d’ entre eux a été trop mou,
f s û eft pas en ce point que nous devons l'imiter.
L i v r e S o i x a n t e - b o u z i e ’ m e . A n * 1 6 9 .
Nos peres ont foufferc le martyre pour ne pas taire
le nom de Jefus-Chcift, 8c je fuprimerai fon honneur
pour rentrer dans les bonnes grâces d un homme
! Alors les grands des deux roïaumes s’élevèrent
contre lu i , difant , que par fon arrogance
il mettoit obftacle à la paix 5 8c ils ajoutèrent ;
Puifqu’il ref i f t eàla volonté des deux rois, il mérité
d ’être abandonné delun 8c de l’autre. ^ ^ x ^
La nuit termina la conferen.ee, 8c les deux rois
montèrent promptement a che va l , fans faluërl archevêque
ni recevoir fon falut. Le roi d Angleterre
en s’en retournant difoit : Je me fuis aujourd. huy
yangé*de mon traîcre. Les courtifans 8c les médiateurs
de la paix reprochoient en face a Thomas qu il
avoit toujours été fuperbe, hautain 8c attache a fon
fens : ajoutant que c’étoit un grand malheur pour
l ’églife de l’avoir fait évêque. Thomas gardoit le
filence: toutefois il répondit un mot à Jean évêque
de Poitiers Anglais de naiffance fon ami particulier,
qui lui reprochait de détruire l’églife.Mon fre-
x e ju i dit-il, prenez garde que vous ne la détruifiez
vous-même. Il retourna coucher à Montmirail où le
roi Louis qui y logeoit auifi n’alla point le vifiter,
fuivant fa coutume; ce qui fit juger que ce prince
étoit refroidi à fon égard; 8c d’autant plus que pendant
les trois jours de marche jufqu’à Sens, le roi ne
lui envoïaperfonne , 8c ne -Lui fournit point fa fubfi-
iftance à l’ordinaire.
Le troifiéme jour Thomas étant à Sens avec
les l ien s , comme ils étaient en peine où i l fe B B I H
letireroit il k u r i i t d’un vifage tranquille 8c " *“**’
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