
j o i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qu’avec grande circonfpeétion. Pour moi, ajoûte-
t 'il, je ne fuis plus obligé à me rendre à vos ordres,
& je ne comprens pas fur quelle aflurancc vous avez
été fifacile àm’appeller.Je ne laifferai pas par refpeét
pour leS. fiégeôi par amitié pour vous, de me trou-,
ver à votre rencontre vendredi àC o rb e il, pour
aprendre de votre bouche ce que nous devons ef-
perer de ce voïage. C ’eft que Thomas connoiflbic
mieux que Vivien les artifices du roi d'Angleterre.
Thomas fut auffi preifé par le roi de France 6C
d’autres perfonnes fages de venir à cette conférence.
Viv ien s’étant donc rendu à S. Denis,preflale
roi Henri de tenir fa parole , mais il fe d éd it, en-i
forte que Vivien lui reprocha publiquement fa
duplicité, & l ’artifice dontil avoitufé pour le iur-
prendre; & dit depuis à Thomas qu’il n’avoit jamais
vû un fi grand menteur. Au retour de fàint
Denis le roi Henri pafla prés de Mont-martre oii
Thomas 1 alla trouver; &c par l’entremife de Ro-
trou archevêque de Rouen , de Froger évêque de
Séez & de quelques autres, le pria pour l’amour de
Dieu & du pape de lui rendre à lui & aux fiens ia
paix, fes bonnes grâces , & les biens qui leur
avoient été ôtez : offrant de lui rendre tout ce qu’un
archevêque doit à fon prince. Le roi repondit, que
de fa parc il remettoit de bon coeur tous lesfujecs
de plainte qu'il pouvoir avoir contre l'archevêque;
& quant à ce que le prélat voudrait propofer contre
lui, il s’en tiendroit au jugement de la cour du
roi de France, de l’églife Gallicane ou de l’école
L i v r e S o i x a n t e - d o u z i e ’ m e . 3 0 5 ----------------------*
de Paris. On voie par là en quelle eftime étoit dès 1
lors cette école.
Thomas répondit, qu’il ne reeufoit pas le ju g e ment
de la cour de France , ou de l’églife Gallican
e , fans faire mention de l’école de Paris-' mais il
ajouta qu il aimoit mieux compofer amiablement
avec le roi fon maître que plaider. Il préfentaun ni &
écrit où il avoit rédigé ce qu’il demandoitauroi ; &
ajouta de v iv e voix , qu’il defiroit être reçu au bai-
fer de paix, & avoir la reftitutionde la moitié des
meubles , pour païer íes dettes, reparer les bâti-
miens , Sc les dommages que l ’églife avoit foufterts
depuis fon abfence.On fit laleéture de l’écrit & tous
les aififtans le trouvoic raifonnable,mais le roi d’Angleterre
répondit à fon ordinaire avec un circuit de
paroles fi embaraflees, qu’il paroiifoit aux plus Amples
accorder t o u t & les plus penetrans jugeoienc
qu’il mêloït des conditions intolerables. Quant
au baifer de p a ix , il d it , qu’il l’auroit donné vo- <?»•»/./
lontiers, mais qu’étant en colere il avoit juré pu-
bliquemenc de ne le jamais donneràl’archevêque,
quelque paix qu’il fit avec lui. Il s’opiniâtra à ce refus
quelque priere qu’on lui fit, & comme V iv ien
prefloitle roi Loiiis de l’ en prier plus inftammentî
il dit : qu’il ne vouloir pas faire de la peine à un roi
pendant qu’il le tenoit fur íes terres, mais il dit à
Thomas : Je ne voudrois pas pour mon pciànt d’or
vous confeiller de rentrer dans fes états, qu'il ne
ne vous eut donné le baifer de paix. Ainfi le,traité
fut rompu.
Toutefois pour le renouer le roi d'Angleterre