
X L III.
L e r o i Philippe
époufe Ingeburge
& la quitte.
JRfg o rd . p„ 19. n.
3-6. 37.
G e jtc In n . IJJ.
48. 4^.50.
Audi. Aquicincl.
*> an. 11$).
630 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dant pour fe mettre bien avec les moines de Cantorberi
, il prit l’habit monaftique.
Le roi de France Philippe Augufte avoit perdu
fa première femme Ifabeïle de Hainauc morte le
quinzième de Marsnpo. dontilavoit un fils nommé
Loiiis. Philippe voulant fe remarier , envoïa
Eftienne évêque de Noyon à Canut III. roi de
Danemarc,lui demander fa foeur Ingeburge , que
ce prince lui accorda volontiers, & la fit conduire
en France par Pierre évêque de Rofchild avec une
fuite convenable. Leroi Philippelareçutà Amiens
où il l’attendoit ; & ne pouvant foufffir un plus
long délai, il lepoufa le jour même qui étoit le
farnedi quatorzième d’Août 1193. & le lendemain
jour de l’Aflomption de N . Dame il la fit couronner
par Guillaume archevêque de Reims & fes fuffragans
, avec quantité de feigneurs de France.
Mais pendant cette cérémonie le~ roi regardant la
prince/Te, commença à en avoir horreur : il trembla
, il pâlit & fut fi croubléqu’à peine put-il attendre
la fin de l’action. On parla dès lors de les fé-
parer, fous.prétexte de parenté : mais d’autres con-
feillerent air roi d’eifaïer à vaincre fon averfion.
Il fit amener la reine à faint Maur près de Paris, où
elle prétendit qu’ils avoient confommé leur mariage:
mais le roi n’en convenoit pas , & avoit un
tel éloignement d’elle,qu’à peine pou voit-il fouffrir
qu’on en parlât en fa prefence : ce que l’on attribua
a quelque malefice : car la princefte étoit belle &
vertueufe,& le roi l’avoit long-temps defirée. Deux
tnois & trois femaines' après ce mariage, il tint
L i v r e s ô i x a n t e - q u a t o r z i e ’m e . 631
un parlement à Compiegneavec les évêques & les -------— —
feigneurs de fon roïaume, où préfidoit l’archevê- -An . l ï 9 3 >
que de Reims légat du faint fiege. Là fe trouvèrent
des témoins, qui aflùrerent par ferment qu’il
y avoit patenté entre la défunte reine Ifabeïle &c
Ingeburge ;& cette parenté fe prenoit du chef de
Charles le Bon comte de Flandres fils de faint Canut ixtu.
roi de Danema'rc. Les prélats jugèrent cette parenté
fuffifanre pour empêcher le mariage, & l’archevêque
de Reims prononça la fentence, par laquelle
il fut déclaré nul. La reine ne fçavoit ce qui le
pafloit, parce qu’elle n’entendoit point le François;
& aïant renvoie les Danois qui l’avoient accompagnée
, elle étoit demeurée prefque feule. Mais
un interprète lui aïant fait entendre ce que l’on
venoit de faire , elle fut extraordinairement fur-
prife, & toute en pleurs s’écria comme elle put en
François : Maie France, maie Francer & elle ajoû- *
ta: Rome, Rome. Voulant dire qu’elle appelloic
au faint fiege. Le roi la quitta aufti-tôt, & la vou-
loit renvoïer en Dmemarc ; mais elle ne voulut
pas y retourner , & demanda à s’enfermer dans un
monaftere , aimant mieux paifer le refte de fa vie
en continence que de contradber un autre mariage ;
& le roi l’envoïa dans une communauté de reli—
gieufes hors de fon roïaume.
Elle fut gardée quelque temps à Cifoin abbaïe
de chanoines réguliers au diocéfc de Tou rnai, où
l’evêque Eftienne aïant été la voir , il écrivit ainfi
a Guillaume archevêque de Reims : Je plains le Epijt.ia.
fort de cette princefte, & je Lifte à Dieu Tévene