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Maïence à laquelle j’avois été canoniquement élu 5
i l 7 7 ' & fuis venu vous trouver en France me condamnant
à un exil volontaire. Vous pouvez vous fou-
venir combien mon arrivée a fervi à l’églife en af-
fermilfant votre parti encore chancelant. Vous
m’en avez témoigné votre reconnoiflance en me
faifant prêtre cardinal, puis évêque de Sabine fans
préjudice de l'archevêché de Maïence. A prefent
j’apprends que vous voulez maintenir dans ce fiege
le chancelier Chriftien, qui l’a ufurpé par violence
Si fuivi le fchifme, ce qui ne paroî.t pas rai-
fonnable. Le pape lui répondit : Vous devez vous
fouvenir, que vous nous avez Couvent témoigné ,
que fi la paix entre l’églife & l’empire ne fe pou-
voit faire fans que vous quittaifiez l’archevêché de
Maïence, vous facrifierez votre intérêt à celui de
l’églife. Or l’empereur déclare hautement qu’il ne
veut point de paix fi le chancelier eft chaffé de ce
fiege ; mais nous n’avons point voulu lui faire de
réponfe iur ce fujet fans votre participation. Alors
Conrad fe rendit ; & déclara au pape que pour le
bien de la paix il remettoità fa difpofition l’arche^
vêché de Maïencç.
Le pape bien content en conféra avec l’empereur,
& ils convinrent de donner à Conrad l’archevêché
de Saliboure. Albert ' fils du r*o i de Boheme
qui en étoit pourvu étoit alors à Venife, où le pape
qui l’y a voit faic venir, lui rcprefenta qu’il ne
Chron- Rei- ieroit jamais agréable à l’empereur, Si lui perfua-
Cto‘mPw"cotK.1{. da de remettre l’archevêché entre fes.mains, Après É
**»>• quoi l’évêque de Gurc Si celui de Paifauavecquel-
L i V R E S O I X A N T E - T R E I Z I e ’mE. 434
ques dignitez de l’églife de Salibourg élurent pour
archevêque Conrad par ordre du pape, qui confirma
leleétion fans lui ôter la dignité de cardinal.
La lettre qu’il écrivit fur ce fujet à l’églife de Salf-
bourg eft dattée de Venife à Ripalte le neuvième
d’Août. Il lui donna même la légation d’Allemagne
durant fa vie. En même-temps il confirma au
chancelier Chriftien l’archevêché de Maïence , Si
ce prélat brûla de fa propre main en prefence du
pape & des cardinaux le pallium qu’il avoir reçu de
l’antipape Gui de Crème. Le pape lui donna un
autre pallium, Si en donna auffi un à Philippe archevêque
de Cologne ; car l’un & l’autre quoique
facrez pendant le fchifme,l’avoient été par des évêques
catholiques leurs fuifragans.
Le pape écrivit aux principaux évêques de h
Chrétienté pour leur donner part de cette paix Si
delà réünion de l’empereur à l’églife ; on le voit
par les lettres qui nous reftent à Pierre abbé du
Mont-Caftin & archevêque de Capouë, à Guillaume
archevêque de Rheims, à Richard archevêque
de Cantorberi Si à Roger archevêque d’Yorc. Il
en écrivit auffi au roi de France. En cette réconciliation
de l’empereur avec le pape, il eft remarquable
que l’abfolution ne tombe que fur l ’excommunication
à caufe du fchifme ; fans qu’il foit fait
aucune mention de réhabiliter l’empereur comme
dépofé par le pape. Auffi avons-nous vu que pendant
le fchifme fes fujets catholiques, même les
ecclefiaftiques, ne lui obéiffoient pas moins qu’auparavant
,, tout excommunié qu’il étoit. C ’eft qu’o»
l i i |
A n . u 7 7 .
Roger, Bavette
-Àp. Bar. to. f&j
conc. p. 1 x 4 4 ;
I l 4f. p. 1318vepl