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qu’il avoit en garde comme chancelier -, & forcit
de Londres fecretement 8c avaint le jour : montrant
par ce procédé une grande indignation.
Peu de teins après Arnoul évêque de Lifieux
vint en Angleterre pour fe reconcilier avec le roi
dont il avoit perdu les bonnes grâces; 5c lui con-
feilla de divifer les prélats pour affoiblir l’archevêque
; ce qui réüiïn. Le roi gagna premièrement
quelques évêques qui craignoientles effets de Ion
reflentiment, fachant qu’ils lui étoient odieux de-
puislong-tems : enfuite il en gagna d’autres, qui
n’eurent p3sla force de lui refifter. Ils promirent
donc à l’infçu de l’archevêque d’obéïr à la volonté
du roi ; & il en demeura peu avec ce prélat, encore
la crainte les obligeoit à fe cacher. Le roi de
fon côté s’efforçoit de gagner l’archevêque par
promeffes Sx par careffes : plufieurs des grands
s’entremettoient pour les réconcilier, Sx repréfen-
toient au prélat les obligations qu’il avoit au roi,
les maux que produiroit leur divifion, Sx l’imprudence
qu’il y avoit de tout perdre pour un petit
mot : car il ne s’agiffoit que de cette claufe :•
Sauf nôtre ordre. L’abbé de l’Aumône entre autres
le preffoit, difant avoir charge du pape de le
faire confentir au defir du roi ; & que ce prince
avoit alluré par ferment qu’il ne vouloir que
fauver fon honneur devant les grands , par quelque
apparence du confentement du prélat. Enfin T h o mas
alla trouver le roi à Oxford, 8c lui promit de
changer ce mot qui le choquoit. Le roi parue fort
adouci; mais il vouloir qu’on lui promit l ’obierva-
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don des coutumes publiquement dans l’aifemblée
des evêques 6c .des feigneurs.
L’empereur Frideric célébra cette année à Vor-
mes la fête de Pâques, qui fut le vingt-quatrième
de Mars ; Sx le jour de l’oéfave dernier du même
mois, il tint avec les feigneurs fâ cour à Maïence.
Prefque tous les bourgeois s’enfuirent de la ville,
craignant la punition du meurtre de leur évêque
commis trois ans auparavant ; Sx il n’en demeura
que très-peu des moins confiderables, Sx quelques-
uns qui avoient déjà obtenu leur grâce de l’empereur.
Un des coupables fut pris Sx exécuté à mort.
L ’abbé de S. Jacques fut préfenté à l’empereur comme
complice, 8c obtint du tems pour fe juftifier:
mais ne le pouvant faire , il fut chaffé de fon abbaye
Sx du pays. Les moines furent enfermez dans
unemaifon d’où les uns fefauverent par les fenêtres
ou autrement, les autres furent congédiez :
ainfi le fervice divin ceffa dans ce monaftere. Les
murailles de la ville furent abbatuës par ordre de
l’empereur, 8c ne furent rétablies que fous fon fuc-
ceifeurtrente-iept ans après.L’annéefuivante 1164.
Conrad élu archevêque deMaïence fe rangea'à l'obédience
du pape Alexandre: de quoi l’empereur
irrité le chaifa de fon fiége , Sx mit en poiieilïon
Chriftiem, qui avoit été élu auparavant.
En Saxe Gerold évêque d’Oldembourg obtint
du duc Henri le Lion la tranilation de fon fiége à
Lubec , où il inftitua douze prébendes Sx une treizième
pour le prévôt. Enfuite voulant établit les
dîmes dans la Holiace , il écrivit une lettre aux
X i j
An . i i trj.
n.
Eglife d'AlIc-
magne«
Dordech. antu
Stlp. t. LXXe
n.
Id . I LOS* Id. 11*4.
Hiff. avehie».
Urem. p. 104.
HelmoU, Uv. r .