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ni.
Entreprife de
l ’abbé de Fulde.
Arnold. Lubec.
Chr. S la v • 111«
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514 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ze ans accomplis, après en avoir régné trois.
Il étoit fiancé ave.c Agnès foeur.du roi de France
Philippe Augufte, qu’Andronic époufa,tout vieux
qu’il étoit, quoiqu’elle n’eut pas encore onze ans ;
puis il pria le patriarche Bafile & le concile de l’ab-
foudre du ferment qu’il avoit fait à l’empereur
Manuel &c à fon fils, lui & tous les autres qui
avoient violé ce ferment. Les prélats accordèrent
l’abfolution par des décrets qu’ils publièrent ; &
pour recompenfe l’empereur Andronic leur accorda
quelques petites grâces, dont la plus confiderable
fut d’être aiïis fur des bancs que l’on plaçoit auprès
de fon trône. Mais comme le regne d’Andronie ne
fut que de deux ans ; ils ne joijirent gueres de cet
honneur.
En Allemagne l’empereur Frideric tint une cour
folemnelle à Maïence. à la Pentecôte de l’année
fuivante 1184. pour faire chevalier fon fils Henri,
déjà reconnu roi des Romains. En cette aflemblée
l ’abbé de Fulde reprefenta à l’empereur , que fon
monaftere avoit cette prérogative, que quand la
cour fe tenoit àMaïence, l’archevêque devoitêtre
affis à la droite de l’empereur, & l’abbé de Fulde à
fa gauche. O r , ajouta l’abbé, l’archevêque de Co~
logqe nous prive de ce droit depuis long-temps ,
c’efl; pourquojnousvous prions de nous rendre aujourd’hui
notre place. Alors l’empereur dit à l’archevêque
de Cologne : Vous avez oui ce qu’a dit
l’abbé ; nous vous prions de ne pas troubler la joïe
de cette fête, &c de lui laiffer la place qu’il dit lui
appartenir. L’archevêque fe leva difant : Seigneur
L i v r e s o i x a n t e - t r e i z i e ’m e ." j i j
comme il plaira à votre ferenité ; que l’abbé prenne
la place qu’il defire, mais trouvez bon que je me
retire à mon logis. Comme il vouloit s’en aller, le
comte palatin du Rhin frere de l’empereur fe leva
d’auprès de lu i, & dit:Seigneur, je fuis vaifal de
l’archevêque de Cologne, il effc jufte que je le fuive.
L ed uc de Brabant & plufieurs autres feigneurs en
dirent autant. Le jeune roi Henri voïant le défordre
qu’alloit caufer leur retraite, fe jetta au cou de l'archevêque,
lui difant : Mon cher pere, je vous prie de
demeurer,pour ne pas changer en trifteiîe notre joïe.
L’empereur Frideric l’en pria auifi , aifurant qu’il
avoit ainfi parlé en fimplicité fans aucun deiTein de
l ’offenfer. Ainfi chacun reprit fa place, & la fê te fe
pafla paifiblement. Or l’archevêque prévoïant l’en-
treprife de l’abbé, étoit venu à cette cour accompagné
de quatre mille hommes armez. Nous avons vu
Îîx vingt ans auparavant en 1063. une femblable
querelle entre levêque d’Hildesheim & l’abbé de
Fulde, dont les fuites furent plus fâcheufes.
Enfuite l’empereur paifa en Italie, & vint trouver
le pape Lucius à Verone, où les infultes des R o - 1
mains l’avoient obligé de fe retirer. La plus cruelle
eft qu’aïant trouvé plufieurs de fes clercs hors de la ‘
ville , ils leur creverent les yeux à tous hormis u n ,
& les lui renvoïerent. Le pape anathématifa ceux
qui avoient commis ce crime, fortitde la ville avec
les liens, & vint à Verone, où il demeura jufques
à fa mort. Avec le pape & l ’empereurs’y trouvèrent
plufieurs prélats & plufieurs feigneurs, & il s’y tint
«n grand concile qui commença le premier jour
V u u iij
A n . 1184.
Sup. Uv. LIV.
n. 9.
LIIL Concile de Ve~ one.
Attcb. AipuiciB:»
tn. 1184.
Nang.an. ïi8$.