
5 ^ I S TO I R E E C C L E S I À S T I QU E •
A n . u s7 T ° T C N ° u,radin avoic autrefois commencée
dans A lep ,& a laquelle ce prince travailloic fou vent
de les mains, ayant fait voeu de la mettre dans l’é«
glife de Jerufalem , quand il en auroit chaiTé les
Chrétiens comme il efperoit. Saladin exécuta donc
ce voeu de Nciuradin. Aufrontifpicedecetregran-
de mofquée , on mit l ’infcription fuivante : Lefer-
viteur de Dieu Jofeph fils de Job victorieux , le
roi Nacer Salah-eldin mit cette infeription lorf-
que Dieu prit cette ville par fes mains l’an 583. en
adtion de grâces , après lui avoir demandé le pardon
de fes pephez & continuation d.e fa miferi-
corde.
Toutes les autres églifes furent auffi changées
en moi quees, excepté celle dufaintfepulcrc que les
Chrétiens Syriens rachetèrent. Dans les autres on
contraignit les efclaves Chrétiens à effacer les images
Si les peintures dont elles étoient ornées en
îaver les murailles & froter le pavé par un pénible
travail. Saladin rétablit à Jerufalem les co lle -.
ges fondez autrefois par les califes & les fultans
les predeceffeurs | & y fit recommencer les exercices
publics de théologie & de jurifprudence Musulmane.
Quelques zélez Mufulmans lui conleil-
lerent de ruiner l’églife du S. fepulcre & toutes les
autres des lieux faints ; difant qu’en les laiffant on
f i f iS S E S B des Chrétiens & l’injure
qu ils font au Meiïïe , en honorant les marques de
ia paillon. Car les Mufulmans croyent que ce ne
fut pas Jefus qui fut crucifié , mais Judas à fa place,
Ils ajoûtoient qu’en ôtant aux Chrétiens cet
L i v r e s o i x a n t e - q u a t o r z i è m e . §m .
objet de leur dévotion , on leur ôteroit le prétexte
de leurs croifades. Mais les plus habiles théologiens
Mufulmans furent d’avis contraire. Ils dirent
a Saladin, qu il ne devoir pas être plus fcrupulcux
que le calife Om ar, qui avoir confervé cette égli-
fe , que les lieux faints étant ruinez, la ville de Jerufalem
fouffriroit un grand préjudice de la cef-
fation des pèlerinages, d’où venoit toute farichef-
fe ; enfin que cette injure qu’on vouloit faire aux
Chrétiens d Occident ne feroit pas moins fenfible
a ceux d’O rient, qu’elle pourroit exciter à la révolte
, & a fe joindre aux autres pour l’intérêt commun
de la religion. Saladin fe rendit à ces raifons ;
8c permit comme auparavant de vifiter les iaints
lieux , pourvu que l’on y vînt fans armes, & que
l’on payât certains droits.
C ’eft ainfi que Jerufalem retomba fous la puif-
fance des infidèles, après avoir été fous celle des'
Chrétiens Latins pendant quatre-vingt huit ans.
Ils furent les feuls qui en fortirent ; car les Chrétiens
Syriens, Géorgiens, Arméniens & Grecs v
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ep. ap. RogerZ-
f . 64Ji
demeurèrent. La reine Sibille & le patriarche He-
raclius fe retirèrent à Antioche avec les Templiers,
les Hofpitaliers & quantité de peuple. Plufieurs autres
fe retirèrent à Tripoli, où le comte & fes gens
leur ôterent ce que les Sarafins leur avoient laif-
fé : dequoi une femme dépouillée de tout entra
en un tel defefpoir.que n’ayant plus dequoi nourrir
fon enfant elle le jetta dans la mer.®Quelques- jf^c*vhr>
uns de ces Chrétiens chaffez de Jerufalem paffe-
rent à Alexandrie & en Sicile. Il ne reftu aux La--
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