
' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
le corps, demandantpardonaveclartues. Levieil-
|§* lard lui dit : Levez-vous ,mon fils, ne vous troublez
point : je fçai par quel efprit vous avez parlé.
Vous allez être prêtre, & vous ferez évêque quand
le temps prefcritde Dieu fera venu. Après qu’il eut
paifé dix ans dans fa cellule , le prieur de la Char-
treufe lui donna la charge de procureur ; dont il
s’acquitta fi dignement, que fa réputation s’étendit
même hors la province.
Le roi d’Angleterre ayoit déjà fondé la Char-
rreufe de Oiiitham $ mais les deux prieurs qui y
avoientétén’avoientpû faire aucun bien, à caufede
l’infolencedes gens du pais. Le roi aïant oüi parler
du mérite de H ugues, envoïaà la grande Çhartreu-
fe le demander, pour gouverner cette maifon. Le
prieur &Nles moines eurent grande peine à le donner,
& lui encore plus à y confentir. C a r , leur di-
foit-il, puifque depuis tant d’années je n’ai pas profité
de vos inftruétions & de vos exemples pour-
me conduire moi-même, comment pourrai-je gou-
.e verner une nouvelle communauté ? Etant allé à
Oüitham il trouva les moines dans une grande pauvreté
; &c les confola, les exhortant à la patience &
à la douceur ; mais il ne laifia pas d’augmenter bientôt
cette maifon tant en bâtimens qu’en meubles ;
aïant gagné l’affeétion du roi & du peuple, quoique
cette nation n’aimât pas les étrangers. Il parloir
au roi avec tant d’infinuation & de pieté, que
ce prince , tout habile qu’il étoit, jie lui pouvoiç
rien refufer, & avoüoit qu’il avoir trouvé fon maî-,
tre. En une grande tempêçe il crut avoir é té ço fl-
L i v r e s o i x a n t ë -q_u a t o r z i e ’ m e . 557
fervé par les prières de Hugues &c redoubla depuis
ce jour fa vénération pour lui.
A la mi-Carême de l’année 118A. Jean archevêque
de Dublin tint avec fes fuffragans un concile
dans l’églife de la fainte Trinité. Le premier jour
il y prêcha lui-même fur les facremens ; le fécond
jour Aubin abbé de Balguinglas, qui fut depuis
évêque de Fernes , fit un long fermon fur la continence
des clercs, où il rejetta fur les étrangers la
corruption qui s’étoit introduite à cet égard :
c’eft-à-dire, fur les ecclefiaftiques venus de Galles
& d’Angleterre, montrant quelle étoit auparavant
la pureté du clergé d’Irlande. Après le fermon
les clercs du comté de Vexford s’accuferent l’un
l ’autre en prefence de l’archevêque & du concile
touchant les concubines, qu’ils avoient époufées
folemnellement, & menées publiquement chez eux:
produifant fur le champ les témoins. L’archevêque
les y excitoit lui-même par le confeil de l’archidiacre
Girauld, afin d’en faire juftice aufii-tôt ;
ce qui caufa une grande dérifion de la part du
clergé d’Irlande qui leur infultoit. L’archevêque
pour réprimer ces infultes, & montrer combien
ces impuretez lui déplaifoient, prononça aufii-tôt
fa fentencecontre ceux qui en étoient convaincus;
& les fufpendit des fondrions ecclefiaftiques & de
la joüiflance de leurs bénéfices. Le troifiéme jour
l ’archidiacre Girauld prêcha par ordre de l’arche-
vêque fur les devoirs des pafteurs. Il ne difiïmula
pas ce que l’on pouvoir dire véritablement à la
louange du clergé d’Irlande ; mais il reprit auflà
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