
4 J 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
“ M fericorde fuivant l’efprit de l’églife, le légat les
N' I1[7S- exhorta à abjurer leur héréfie, & à fe faire ab-
foudre de l'excommunication prononcée contre
eux par le pape, par les archevêques de Bourges &
Je Narbonne, l’évêque deTouloufe 8c le légat lui-
même. Mais ils le refuferent 8c demeurèrent dans
leur endurciffement. C ’eft pourquoi les deux légats
les excommunièrent de nouveau avec les
cierges allumez, en prefence de tout le peuple
furieufement animé contre ces hérétiques, comme
il le marquoit par fes acclamations continuelles.
C ’eft ce que témoigne le légat Pierre dans
fa lettre adreftée à tous les fideles : où il leur enjoint
d’éviter Raimond &. Bernard 8c leurs complices,
comme excommuniez 8c livrez à fatan , 8c
de les chaifer de leurs terres. Le comte de Tou -
loufe 8c les autres feigneurs du païs promirent par
ferment devant tout le peuple de ne point favori-
fer les hérétiques.
S ü i * Cette année 1178. fut la derniere de S. Anthcl- R n de faint A u - , A , . j . . r ,
tfteime évêque de me eveque de Bellai. Depuis ion epifeopat il aioû*-
B e l l a i . . 1 a a \ /^ - 1 1 i - t ï ta plutôt a les auiteritez corporelles cju u n en dr-
juin 'c.'nT's^. minua. Il faifoic l’office divin non dans fa chapelle,,
tfv.n».».«}. mais dans la cathédrale avec les chanoines, pour
s’en acquitter avec plus de dignité. Il difoit la meife
prefque tous les jours, ce qui ne lui étoit auparavant
permis que rarement. Ce font les paroles
de l’auteur de fa vie. C ’eft que chez les Chartreux
il n’y avoit gueres, même le Dimanche, que la
melTe conventuelle, comme font entendre les
c.7.».4. ftatuts de Guigues. Ànthelme eut grand foin de-
L i v r e s o i x a n t e -t r e i z i e ’m b . 4 j j
purifier fonclergé ¿¿après les exhortations charitables
, il dépofa fix ou fept prêtres concubinaires.
Humbert comte de Savoie avoit fait emprifon-
ner un prêtre, que le faint évêque fit délivrer malgré
le prévôt ; 8c comme il s’enfuïoit les gens du
prévôt le tuerent. De plus le comte avoit des prétentions
fur quelques terres de l’églife, qu’il difoit
erre de ion domaine ; Anthelme l’exhortoit à s’en
defifter, & a faire fatisfachon pour le meurtre du
prêtre fous peine d’excommunication ; mais le comte
le menaça de fon côté, difant qu’il avoit privilège
du pape pour ne pouvoir être excommunie.
Anthelme ne laiil’a pas de l'excommunier 8c
en fa prefence -, ce qui le fit entrer en fureur , &
les affirtans difoient qu’une telle témérité meri-
toit la mort. Mais le prélat loin de s’en effrai’er
répéta 1 excommunication en termes plus forts;
s eftimant heureux s’il eût fouffert le martyre pour
une fi bonne caufe. Le comte fe plaignit au pape
de l’infradûon de fon privilège, 8c le pape ordonna
a faint Pierre de Tarentade qui vi voit encore
, & a un autre evêque de faire abfoudre le comte
, ou de 1 abfoudre eux-mêmes au refus de l’évê-
que de Bellai, dont il connoiiïoit la fermeté. Les
evêques s’acquittèrent de leur commiifion & pref-
ferenc Anthelme d’obéir au pape 8c d’appaifer le
prince ; mais il répondit : Celui qui eft lié jufte-
ment ne doit point être délié qu’il n’ait farisfait
par la pcnitence, à celui qu’il a offenié. Saint
Pierre lui-même n’a pas reçû le pouvoir de lier ou
de délier ce qui ne le doit pas être. Soïez donc