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O rd. Vit ali.
Sup. liv . 3LX IX ,
». 14.
ta.l.S pic il. p*481.
XXXIX.
Scandale en l’ab-
£>aye de Greftain.
Arnoulavoit été élevé dans ' . r1 leglifede Sées, dont il rut archidiacre fous l’evêqucjean fon frere aîné.
Son oncle aufli nommé Jean évêque de Lifieux
étant mort en 1141. il lui fupceda & tint ce fiege
quarante ans. Il alla à la fécondé croifade par ordre
du pape Eugene IV . en 1146. Il fut en grand
crédit auprès du roi d’Angleterre Henri II. contribua
beaucoup à le retenir dans lobéiflance du pape
Alexandre , 6c travailla fortement à le reconcilier
avec faint Thomas de Cantorberi, auquel toutefois
il devint fufpeéb comme trop côurtifan. Après
fa retraite quelques chanoines de Lifieux étant allez
à Rome, l’accuferent devant le pape Lucius, d’avoir
diifipé les biens de fon églife 5 & obtinrent
pour juges levêque d’Avranches, l’abbé du Bec&
l ’abbé de Savigni. Arnoul à qui ces juges étoient
fufpeéts , fe plaignit au pape du jugement qu’ils
avoient rendu contre lui ; &i en obtint la caifation,
comme il paroît par une lettre qu’il lui écrivit de fa
retraite. Il vécut à faint Viéfor en fimple chanoine
, & y finit faintement fes jours.
Nous avons de lui plufieurs lettres 5c quelques
fermons. Entre les lettres il y en a une au pape
Alexandre I I I . qui mérité une attention particulière.
L’abbaïe de Greftain dans le diocéfe de Lifieux
étoit alors gouvernée par Guillaume- d’Ex-
ceftre fon quatrième abbé -, qui fous pretexte de
prendre foin des biens que fon monaftere pof-
fedoit en Angleterre,.étoit le plus fou vent dans ce
royaume occupé à pourfuivre des procez & à fe
divertir 5 8c l’évêque l’avoit inutilement averti de
revenir
L i v r e s o i x a n t e -t r e i z i e ’m e . jo j
revenir à fon devoir. Cependant le monaftere étoit -------------
tombé dans un extrême défordre ;il n’y avoir plus U fz .
d’obfervance au-dedans, on ne faifoit au dehors ni
aumônes ni hofpitalité : les moines fe battoient &
quelquefois à coups de couteau. Ils avoient répandu
le bruit qu’il y avoit chez eux une eau miraculeufe
qui guériifoit les malades, en les y plongeant fept
fois ; & une femme qui en fit l’experience y expira
entre leurs mains. Un moine tua le cuifinier, qui
murmuroic des fréquentes vifites qu’il rendoit à fa
femme. Enfin le procureur, que l’abbé avoit laifie
pour prendre foin de la maifon en fon abfence, s’étant
enyvré à fouper, frappa deux moines à coups
de couteau dans le refectoire, & ils le tuerent fur
le champ avec une perche.
L’évêque Arnoul écrivit donc fur ce fujet au
pape Alexandre, le priant de mettre ordre à ce fean-
dale , & d’ordonner que ces moines indociles fe-
roient difperfez un à un dans des monafteres bien
reglez, & que pour renouveller plus aifément la
maifon de Greftain , on y mettroit des chanoines
réguliers. Aufti-bien, dit-il, nous avons en cette
province grand nombre de monafteres fameux ,
mais peu d’abbaïes de chanoines, Ôc elles font très-
pauvres ; enforte que ceux des nôtres qui veulent
embraffer cet ordre, font obligez, pour la plûpart,
d’aller en des païs étrangers. Le pape toutefois ne
changea point l’état de cette abbaïe ; mais Gau- K'u/irïa. fi»,
tier archevêque de Rouen, qui aimoit l’abbé Guil- p'
laume, le transfera à S. Martin de Pontoife en ii8 j. vulî 'm' l^~
8c l’abbaïe de Greftain demeura fous la règle de
Tome X V , S f f