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fuivant cette conftitution : Si le crime eft ecclefiaf-
tique , la caufe fera examinée par l’évêque , & la
peine impofée félon les canons, fans que les autres
juges prennent aucune part à ces fortes de caufes.
Ainfi parle Guillaume de Canrorberi un des auteurs
de la vie de faint Thomas. Or la conftitution
qu’il cite eftraportee demême, mot pour mot par
Gratien&tirée d’uneNovelle de Juftinien ;& il eft
évident qu elle parle des crimes ecclefiaftiques,
comme la fimonie, l’ufure & les autres , qui du
tems de Juftinien n’étoient point contre les loix,
mais feulement contre les canons. Mais cette con-
ftitution eft tronquée dans l’extrait de Gratien, ôc
dans l’original l’empereur ditexpreffemenr, que il
le crime eft civil, c’eft-à-dire de la compétence du
juge feculier , il fera le procès au clerc accufé; &
s’il le trouve coupable, il le fera dépoferparl’évc-
que avant que de le punir félon les loix.
C ’eft juftement ce que prétendoit le roi d’A n gleterre
: au contraire l’archevêque vouloit que
même pour les crimes contre les loix un clerc ne
put être pourfuivi que devant le juge ecclefiafti-
que,, qui ne pouvoit impofer déplus grande pei-
n.e que la dépofition , fans que le coupable pûc
enfuite être puni corporellement, finon pour un
nouveau crime. Se fondant fur la réglé Non bis in
idem : c’eft-à-dire qu’on ne punit pas deux fois une
mêmefaute; & craignant que fi les ecclefiaftiques
fouiFroient double peine , ils ne fuifent de pire
condition que les laïques criminels. C ’eft ce qui
irritoit le roi de plus en plus ; 8c les évêques loin de
L i v r e S o i x a n t e - o n z i è m e . 175
luireiîfter fe foûmettoient à toutes les volontez.
On venoit tous les jours raporter au roi , que
l’archevêque n’obfervoit point les coûtumes qu’il
avoit jurées.' d’autres fe plaignoient qu’apuïé de fon
crédit, il les avoit dépoüillez de leurs biens; 3c les
courtifans jaloux exageroient fon ingratitude après
tant de bien faits du roi. On empoi/onnoit même
fes vertus & le changement de fes moeurs. Son zele
pour la juftice étoit traité de cruauté : fon application
à procurer l’utilité del’églife étôit avarice:
c’étoit par orgüeil qu’il méprifoit l’cftime du monde
> pour ne s’attacher qu’à la volonté de Dieu :
e’étoit témérité de vouloir fout en ir les droits de
fon fiége au-delà de fes prédeceffeurs : il ne pouvoir
plus rien dire, ni rien faire qui ne fut mal interprété.
Enfinon perfuada au roi que fa puiifan-
ce alloit s’anéantir il celle de l’archevêque conti-
nuoit de croître ; & que s’il n’ydonnoit ordre , il
n’y auroitplus à l’avenir de roi en Angleterre, que
celui qui feroit élu par le clergé , & autant qu’il
plairoit à l’archevêque.
Cependant l'antipape Oétavien étant tombé malade
à Luquesvers la fête de Pâques, y mourut le
mercredi d’après l’oétave vingt-deuxième d’Avril
1164. Les chanoines delà cathédrale & ceux de
S. Frigdien refuferent de l’enterrer chez eux , déclarant
qu’ils abandonneroient leurs églifes plutôt
que d’y metre le corps d’un homme qu’ils croïoient
damné : ainfi il fut enterré dans un monaftere hors
de la ville, 8c lesfchifmatiques nelaifferent pas de
publier qu’il fe faifoitdes miracles à fon tombeau.
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vu.
Mort. d’G&a-
vien Gui de
Crème antipap
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Collet?» Lu f i . r •
ep. 7.
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B la f .e . 18. Go-
f e f r . a n . 1 16 4 .