
55<î H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
——— — — plaint fi fouvent comme du feul qui s’oppofoit à fe s
A n . 1170, voiontez L’a£tion eft déteftable & inoüie ;& la
conduite que le roi a tenue jufques ici le juftifi*
allez de n’en être pas complice : mais ce qui lui donne
quelques remords, c’eft qu’aïant appris l’excommunication
de tous ceux qui avoient aflifté au facre
de fon fils, lorfqu’il croïoit tous les reffentimens
étouffez par la paix , il ne put dilfimuler fa douleur
, ni s’empêcher de s’en plaindre à fes confidens.
Ceux-ci compatiflant à fon reffentim ent, & d’autant
plus animez que le prélat lui avoir plus d’obligation
; il s’en trouva quatre qui fe retirèrent fe-
cretem ent, & vinrent commettre ce crime croïant
plaire au roi. Or comme il les connoilfoit pour les
plus emportez & les plusméchans de fon roïaum e,
il envoïa en diligence après e u x , pour prévenir ce
malheur ; mais ils étoicnt déjà paffez, & firent leur
coup le jour que le roi croïoit les avoir auprès de
lui. V o ilà, mes freres, ce que nous avons charge
de vous dire , afin que vous n’aïez aucun mauvais
foupçon du ro i, & que vous demandiez à Dieu le
pardon de la faute qu’il peut avoir faite , en donnant
par fes difcours occafion à ce crime. Donnez
au corps une fépulture honorable ; le roi n’a plus
de reffentiment contre le m ort. Ainfi parlèrent les
envoïez du roi d’Angleterre. •.: '
y y y t v . Cependant deux doèteurs Alexandre le Gallois &
pa^epuMtI°ns a” Gonthier Flamen,qui avoient été auprès de Thomas
r.tp. 78.80. si. jufques à fa m ort, allèrent en porter la nouvelle au
pape, chargez de plufieurs lettres derecommanda-
tion du roi de France, de T hibaut comte de Blois,
A N .
V.ep.» q.
L i v r e s o t X a n t è - d ô u z i e ’m e . 3 5 7
&i de Guillaume archevêque de Sens, qui tous
demandoient juftice au pape de ce m eurtre, traitant
le faint prélat de m artyr, & témoignant qu’il
fe faifoit déjà des miracles à fon tombeau. Le roi
d’Angleterre envoïa au pape de fon côté ; & Ar~
noul évêque de Lifieux, un des plus éloquens prélats
de fon obéiffance, écrivit en fa faveur une let- «m»;
tre , où il reprefcnte la douleur du roi fi violente,
que l’on craignoit même pour fa vie ; & prie le
pape de punir les coupables fuivant l’énormité de
leur crim e, mais d’avoir égard à l’innocence de ce
prince. La lettre étoit au nom de tous les évêques
d ’Angleterre.
Jean de Cumin étoit déjà en cour de R om e,
chargé de pourfuivre l’abfolution des évêques excommuniez
; & après avoir beaucoup follicité , &
promis cinq cens marcs d’argent , il eut audience
avec les clercs de l’archevêque d’Yorc , & le député
de l’évêque de Durham ; & apparemment ilsau-
roient obtenu l’abfolution , fans la nouvelle de la
m ort de l’archevêque de Cantorberi. Car le pape en
fut tellement troublé , que pendant près de huit
jours les fiens même ne purent lui parler : il y eut
une défenfe generale de donner aux Anglois aucun
accès auprès de lu i, & toutes leurs affaires demeurèrent
en fufpens. C ’eft que le pape fe reprochoit
d’avoir mal foutenu la caufe de l’églife,pour
laquelle Thomas avoit tant fouffert pendant fix
an s, & d’avoir enfin livré ce prélat entre les mains
de fes perfécuteurs.
Ceux que le roi d’Angleterre envoïa pour s’ex-
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