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150 H i s toire E c c l e s i a s t i q u e .'
~ me un pere par Ton fils. C ’étoit la fécondé année de
fon épilcopatj c eft-à-dire, 1163.
il y avoir alors deux évêchez vacans, Vorchef-
tre 8c Herford. Car une coutume profane s’étoit
déjà établie dans plufieurs royaumes que les rois
retenoient à leur volonté les évêchez ôc les monaf-
teresvacans pendantdes années entières, & appli-
quoient au fiic le patrimoine de J. C. Si les biens
des pauvres. C ’eft ainfi qu'en parle Hebert de Bof-
cham qui étoit auprès de l’archevêqueThomas.Ce
prélat crut qu’il étoit de fon devoir de ne pas fouf-
frir un tel abus; & il fit tant par fes prières Si fes
exhortations, qu’il perfuada au roi désemplir ces
deux fiéges,lui repréfentant les mauvais effets delà
-, longue vacance, tantpour le temporel que pour le
fpirituel. L'évêque de Vorcheftre fut Roger fils du
comte deGlavor , jeune homme mais d’un mérite
fingulier , pour la pureté de fes moeurs, fa fermeté
pour la juftice Si fon attachement au faint archevê~
que. L’évêchéd’Herford vaquoitpar la tranilation
+• de Gilbert Folioth à l’évêché de Londres. On mit à
fa place Robert de Melun doéteur fameux,dont j ’ai
déjà parlé,mais plus recommandable encore par fa
vertu que par fa doèfrine. Ce furent les premiers
que facra l’archevêque Thomas, fuivant la refolu-
tion qu’il avoir prife , de n’impofer les mains qu’à
de dignes fujets principalement pour l’épifcopat.
Depuis fon facre il étoit devenu un autre homme
& menoit une vie toute édifiante. La première
année il porta encore un habit précieux à fon ordinaire
, par deifus le cilice Sc l'habit monaftique:
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e *m e ; 151
mais depuis il ne porta qu’un habit modefte , fui- ~
vant l’ufagc du clergé , long jufques aux talons, N*
d’étoife brune ôc fourré feulement d’agneau. Il di- *■
foit matines avant le jour , ôc auffi-tot on faifoit
entrer douze pauvres à qui il lavoir les pieds, fer-
voit à manger ôc donnoit à chacun quatre pièces
d’argent. Il faifoit cette aétion très-fecretement,
Ôc le jour étant venu entroient douze autres pauvres
à qui fon aumônier lavoit les pieds ôc donnoit
à manger : enfin à l’heure de tierce deux aumôniers
fervoient encore cent pauvres de ceux qu’on nom-
moit Prébendiers. Ces trois aumônes le faifoient
tous les matins, mais le faint archevêque en faifoit
grand nombre d’autres ; ôc il doubla les-aumônes
réglées de l’archevêque Thibaud , qui avoit déjà
doublé celles de fes prédeceffeurs. *|
L’archevêqueThomas après fon aumône prenoic
un peu de repos: puis il fe mettoit à la leéture de
l’écriture fainte avec le doèteur Hebert de Bofcham
Lombard né àPlaifance, qui fut toujours attaché
à luiinféparablement, ôc devint enfin cardinal ÔC
évêque de Benevent. Il expliquoit à l’archevêque'
les fens my ftiques de l’écriture, car c’étoit ceux que
l’on y cherchoit alors principalement. Enfuite le
prélat demeuroit à méditer ces grandes veritez ,
dont il profitoit pour l’inftruétion de fon clergé
ôc de fon peuple. Il regrettoit le tems qu’il avoit
perdu , avant que de s’apliquer à cette étude ; ôc
fouhaitoit ardemment d’être en repos pour s’y donner
tout entier. Il portoit toujours dans fes grandes
manches des billets contenans quelques fenten